Les tensions en Egypte font bondir le brut non loin de 100 dollars
New York - Les tensions en Egypte ont fait bondir les prix du pétrole vendredi de plus de 4% à New York, tandis qu'à Londres le baril de Brent s'est approché à un cheveu des 100 dollars.
Sur New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en mars a terminé à 89,34 dollars, soit une progression de 3,70 dollars ou 4,32%.
A Londres, sur l'Intercontinental Exchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique est monté jusqu'à 99,74 dollars, s'approchant du seuil de 100 dollars qu'il n'a plus franchi depuis le 1er octobre 2008. Il a clôturé sur un gain de 2,03 dollars à 99,42 dollars (+2%).
Les prix se sont envolés au fur et à mesure de l'aggravation de la situation en Egypte, où le président Hosni Moubarak a fait appel à l'armée et décrété le couvre-feu à la suite de manifestations hostiles au régime en place.
"Ils ont les clés du canal de Suez. Si les voies de transport maritime ferment, ce sera un détour de 6000 miles (près de 10'000 kilomètres) pour pouvoir assurer les livraisons", a expliqué Rich Ilczyszyn, de Lind-Waldock.
Des primes de risque pourraient aussi être appliquées aux transports.
Le canal de Suez "constitue le passage pour l'instant sûr du pétrole et du gaz vers l'Europe", a observé de son côté Michael Hewson, analyste de CMC Markets.
Les analystes soulignaient ainsi que l'Europe pourrait être plus affectée que les Etats-Unis par des tensions au Moyen-Orient et en Afrique du nord.
"Environ un million de barils par jour transitent par le canal de Suez. Une certaine nervosité se fait sentir autour de l'offre", a rapporté Tom Bentz, de BNP Paribas.
Les analystes, qui avaient pris leurs distances avec le brut échangé à New York ces derniers jours, sont revenus précipitamment sur leurs positions. La veille, le cours était descendu à son plus bas niveau depuis début décembre.
Le brut n'a pas été la seule matière première à bondir face aux tensions en Egypte. L'or et l'argent, notamment, ont également bénéficié des inquiétudes des investisseurs pour leur réputation d'actifs "sûrs".
"On observe aussi une recherche de sécurité. L'euro a cédé du terrain, le dollar est monté", a souligné Rich Ilczyszyn.
Or tout raffermissement de la monnaie américaine pèse sur les cours des matières premières libellées en dollar, un phénomène à surveiller, a précisé l'analyste.
Le baril avait bénéficié plus tôt en séance des chiffres de la croissance américaine.
"Les chiffres du PIB sont moins bons que prévu (...) Mais c'est quand même un bon rythme, et ça ne va pas changer la politique de la Fed", la banque centrale américaine, a observé Mike Fitzpatrick, de Kilduff Report.
La Réserve fédérale avait indiqué il y deux jours maintenir sa politique monétaire ultra-accommodante destinée à soutenir l'économie du pays.
Les chiffres officiels de la croissance ont montré que la reprise économique s'est renforcée aux Etats-Unis en 2010, permettant au PIB américain de retrouver son niveau d'avant la crise avec une augmentation de 2,9% sur un an.
La croissance s'est nettement accélérée au quatrième trimestre, le PIB progressant de 3,2% en rythme annuel par rapport au trimestre précédent, un chiffre toutefois nettement inférieur aux attentes des analystes (+3,7%).
rp
(AWP/31 janvier 2011 06h21)