Le Venezuela, en pleine débâcle pétrolière, accuse et menace
"Nous avons arrêté ces derniers jours 20 personnes qui étaient impliquées dans un plan de sabotage de la production. (...) Cela participe à la baisse" des extractions du pays, a déclaré à Vienne, sans donner plus de détail, Manuel Quevedo, un général nommé il y a quelques jours au portefeuille stratégique de l'Energie.
M. Quevedo participe dans la capitale autrichienne à la réunion semestrielle de l'OPEP, dont le Venezuela, qui possède les réserves de brut les plus importantes au monde, est membre fondateur.
Mais les spécialistes du marché pétrolier présents à Vienne estiment plutôt que la baisse de la production du Venezuela est à mettre sur le compte du manque d'investissements dans les infrastructures locales.
"Il n'y a pas eu de maintenance sur les différents outils de production", a expliqué à l'AFP Alexandre Andlauer, analyste pétrole chez Alphavalue, qui juge par ailleurs qu'il est "utopique" d'attendre une reprise significative de la production.
La production vénézuelienne est ainsi tombée en octobre à 1,94 million de barils par jour, soit une baisse de 160.000 barils par rapport au même mois en 2016, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE)
Le président socialiste Nicolas Maduro a fixé comme principal objectif au nouveau ministre, également à la tête de la compagnie nationale PDVSA, d'augmenter la production vénézuélienne de brut, dont la chute, combinée à celle des cours du pétrole, a contribué à la profonde crise économique dans laquelle le pays est plongé.
Alternative canadienne
Caracas accuse Washington de mener une "persécution financière" envers le Venezuela, auquel le président américain Donald Trump a imposé des sanctions économiques fin août, alors que le pays tente d'éviter un défaut de paiement aux conséquences dramatiques.
Une menace réitérée jeudi par M. Quevedo: "nous voulons vendre du pétrole au peuple américain, mais si leur gouvernement ne veut pas les aider, nous passerons sans problème sur d'autres marchés", a lancé le ministre.
"Il est difficile de prendre la menace du Venezuela au sérieux, car je ne vois pas trop qui pourrait acheter leur brut qui est vraiment fait pour être utilisé par les raffineries du golfe du Mexique" sur la côte des Etats-Unis, a estimé Joseph McMonigle, analyste chez Hedgeye.
Le pétrole vénézuelien, particulièrement lourd, doit en effet être mêlé à du pétrole plus léger dans des raffineries spécialisées avant d'être vendu.
Un embargo sur le brut vénézuelien serait un coup dur pour les raffineries américaines mais pas forcément insurmontable.
"Elles seraient dans une position difficile car elles n'ont pas vraiment d'autres sources" de pétrole lourd, selon Joseph McMonigle, qui note cependant que le Canada produit de plus en plus de pétrole lourd à travers ses exploitations de sable bitumineux.
Les analystes de JBC Energy ont ainsi souligné que le géant américain du pétrole Exxon Mobil avait annoncé le lancement anticipé de l'ambitieux projet d'Hebron, dans l'Est du Canada, qui devrait produire à terme 150.000 barils par jour.
"Ce pétrole remplacerait parfaitement le manque de barils vénézueliens", ont-ils noté.
(c) AFP