"Gilets jaunes": toujours des blocages mercredi, les stations peu à peu réapprovisionnées
Des dépôts pétroliers toujours bloqués
Aucun camion-citerne ne pouvait quitter mercredi le dépôt pétrolier du Mans, bloqué depuis dimanche soir. Des "gilets jaunes", d'une "quinzaine à 200" selon les heures, se "relaient" sur le barrage, a indiqué à l'AFP un employé de l'entreprise.
En revanche, les entrepreneurs indépendants de travaux publics ont cessé leur action devant les dépôts pétroliers de Lorient (Morbihan) et Brest (Finistère).
En Loire-Atlantique, des barrages filtrants persistent près de la raffinerie Total de Donges et du port de Saint-Nazaire, selon la préfecture. Les "gilets jaunes" mènent également une opération de barrage filtrant devant la raffinerie du Midi à Dijon, selon un journaliste de l'AFP.
La France compte environ 200 dépôts pétroliers, dont 50 majeurs selon Total.
Stations-service à sec
Suite à ces blocages, des pénuries de carburants affectent toujours certaines régions, principalement la Bretagne, la Normandie, les Pays de la Loire et le sud-est (Gard, Var, Hérault, Alpes-Maritimes).
Le pétrolier Total, qui possède 2.100 stations-service en France, sur les 11.000 existantes, en comptabilisait 145 en rupture totale dans la matinée, un chiffre "à peu près stable" ces deux derniers jours. Fonctionnant à partir des contributions d'automobilistes, l'application Essence&co recensait elle plus de 600 stations touchées en milieu de matinée, dont 250 en rupture totale.
Une dizaine de stations sont à sec ou en difficulté autour de Lyon, en raison d'"une surconsommation ponctuelle", a indiqué la préfecture. De même, sur les 130 stations-service du Calvados, une dizaine n'ont plus du tout de carburant, principalement pour les mêmes raisons.
"Halte aux approvisionnements de précaution!", a aussi averti la préfecture de la Sarthe dans un communiqué, appelant les automobilistes au "civisme".
En Seine maritime, le nombre de stations en rupture était aussi en diminution.
Routes et zones commerciales toujours affectées
Sur le réseau autoroutier, les manifestations entraînaient toujours de "fortes perturbations localement", selon Vinci.
A Narbonne, des "gilets jaunes" affichaient leur détermination, à continuer, comme Fabienne, 46 ans, qui qualifie les mesures annoncées de "poudre aux yeux".
Plusieurs entrées de l'A7 étaient aussi inaccessibles dans le Vaucluse, notamment à Orange ou Bollène.
Des manifestants étaient rassemblés autour des accès menant à une vingtaine d'autoroutes, menant parfois des opérations de filtrage.
Dans le Tarn et en Dordogne, des entreprises de BTP se sont jointes au mouvement des "gilets jaunes" pour protester contre la fin programmée du gazole non routier (GNR), qui les mettrait en péril.
Des "gilets jaunes" ont également poursuivi les blocages de poids-lourds sur les routes, laissant souvent passer les voitures de particuliers comme dans le Gard ou dans le Lot. Un peu partout en France, des manifestants continuent aussi d'investir des ronds-points et des zones commerciales.
Appels à manifester samedi
Sur les réseaux sociaux, les manifestants de nombreuses régions appellent mercredi à se mobiliser une nouvelle fois ce samedi.
"Nous, on ne montera pas à Paris. On a un mouvement à Magny, qui reste conséquent", assure Pierre-Gaël Laveder, 43 ans, l'un des communicants désignés par un groupe de "gilets jaunes" présents sur l'échangeur de Magny (Saône-et-Loire).
"La semaine on est 200" mais "le samedi, quand on est 2.000, on voit des gens de plus en plus virulents (...) La rage, elle augmente", dit-il.
Par ailleurs, des dizaines de lycées restaient bloqués mercredi, en particulier dans les académies de Marseille, Créteil ou Lyon. Un lycéen a été blessé à Orléans par un tir de lanceur de balle de défense.
En dehors des "gilets jaunes", des manifestations d'agriculteurs sont à prévoir la semaine prochaine à l'appel de la FNSEA, alors que la CGT et FO ont appelé les routiers à la grève à partir de dimanche.
(c) AFP