"Gilets jaunes": les blocages se poursuivent lundi, pénurie d'essence en Bretagne
Un mouvement de fronde a saisi aussi les lycées contre les réformes de l'Education nationale.
De nombreuses stations-services du Finistère, des Côtes d'Armor et du Morbihan étaient en rupture totale ou partielle de carburant lundi. Dimanche soir, le préfet du Finistère Pascal Lelarge a dû prendre des mesures de restriction de consommation "afin de garantir l'accès au carburant au plus grand nombre".
Après 40 minutes d'attente à Plougastel, Gaëlle Mevel, étudiante de 25 ans, a pu "mettre 20 euros d'essence" dans sa voiture. "C'est pénible, mais ce n'est pas grave", a-t-elle jugé, assurant "comprendre" les manifestants.
Dans le Morbihan, les pénuries sont dues "à une surconsommation irrationnelle de carburant", alors que "l'approvisionnement des stations services est régulier", a indiqué sur Twitter la préfecture, appelant à n'utiliser les pompes "qu'en cas de réel besoin" et à éviter les "réserves de précaution".
Le dépôt pétrolier de Lorient (Morbihan) est bloqué depuis près d'une semaine par des indépendants du secteur des travaux publics, qui dénoncent la fin, au 1er janvier, du gazole non routier (GNR) détaxé pour les entreprises du secteur. Ils ont été rejoints par des "gilets jaunes".
A Brest, les manifestants des travaux publics ont revêtu des gilets oranges pour se différencier des "gilets jaunes" et bloquent le dépôt du port depuis mercredi. Plus aucun camion ne rentre ni ne sort depuis vendredi.
Les dépôts pétroliers du Mans (Sarthe), du Grand-Quevilly (Seine-Maritime) étaient également bloqués, ainsi que celui du port de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Ce dernier blocage était critiqué jusqu'au sein du mouvement des "gilets jaunes". "L'opération est pilotée en dehors de nous", a déclaré à l'AFP Chantal, une des coordinatrices du mouvement en région Alpes-Côte-d'Azur qui regrette de manière plus générale "la récupération" de la protestation par des "éléments radicalisés".
Les blocages des dépôts pétroliers de La Rochelle (Charente-Maritime) et de Donges (Loire-Atlantique) ont eux été levés lundi matin après l'intervention des forces de l'ordre.
"Sur une poudrière"
Sur les routes, on comptait également des barrages filtrants dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse, sur l'autoroute A7. De grosses difficultés de circulation étaient également signalées sur l'A9 dans l'Hérault et autour de Nîmes (Gard) en raison de blocages sur l'A54 au niveau du péage d'Arles.
Des gilets jaunes ciblaient toujours des lieux symboliques, comme à Bergerac (Dordogne), où une quarantaine d'agriculteurs ont déversé du fumier devant le centre des finances publiques. A Rennes, une quinzaine de "gilets jaunes" campaient eux devant le centre des impôts, équipés de canapés, braséro et palettes, derrière un mur de pneus surmonté de pancartes.
Dans la Sarthe, 7 mairies ont été taguées durant la nuit "avec des messages anti-gouvernement", selon la préfecture.
Par ailleurs, plus d'une centaine de lycées étaient bloqués, partiellement ou totalement, lundi matin en France par un mouvement de protestation contre les réformes dans l'Éducation et en soutien parfois aux "gilets jaunes", selon le ministère de l'Éducation.
A Lyon, des poubelles ont été brulées contre des grilles d'un établissement du 8e arrondissement. Même chose devant un lycée de Dijon, où un cortège d'environ 500 élèves a défilé dans les rues de la ville et s'est heurté aux forces de l'ordre, avec jets de pierres et tirs de grenades lacrymogènes. Des incidents ont été constatés également à Orléans.
"On est sur une poudrière, ça va bien monter, même en province (...) Il y a une colère qui monte, c'est même pire que de la colère, ça prend des proportions énormes", a estimé Fabien Schlegel, l'un des leaders des "gilets jaunes" à Dole (Jura).
(c) AFP