L'industrie allemande se reprend, le prix du pétrole va aider
Les commandes à l'industrie allemande ont grimpé de 2,5% en octobre sur un mois, mieux qu'attendu, selon un chiffre provisoire publié vendredi qui suggère que l'horizon s'éclaircit pour ce secteur.
La statistique contient deux bonnes nouvelles. D'une part les commandes en provenance d'Allemagne ont bondi de plus de 5%, alors que les mois précédents les entreprises allemandes avaient fait montre d'une grosse réticence à investir, freinées par les incertitudes géopolitiques. Et la hausse de 0,8% des ordres "hors zone euro" "pourrait être la première manifestation d'un petit effet positif de l'euro plus faible", remarque Stefan Kipar de BayernLB.
Après d'autres bons indicateurs ces dernières semaines - le baromètre ZEW du moral des investisseurs, l'Ifo qui mesure celui des entrepreneurs -, il y a maintenant "plusieurs indices que l'économie allemande commence à surmonter sa phase de faiblesse", pour le ministère de l'Economie.
"Il y a de plus en plus de signes de croissance dans le secteur manufacturier ces prochains mois", croit aussi Marco Wagner de Commerzbank. Or en Allemagne quand l'industrie va, tout va.
Mais "les chiffres ne marquent pas encore de retournement de tendance", tempère le ministère, faisant valoir que les commandes à l'industrie sont marquées ces temps-ci par "de grosses variations mensuelles". Le chiffre d'août avait été catastrophique, septembre est ressorti finalement mieux que prévu (+1,1% contre +0,8% annoncé initialement).
Le tableau sera complété la semaine prochaine par les chiffres de la production industrielle d'octobre et du commerce extérieur, mais d'ores et déjà pour M. Wagner il fait peu de doutes que "l'économie allemande progressera certainement plus vite au quatrième qu'au troisième trimestre".
"PROGRAMME DE CONJONCTURE"
L'Allemagne a échappé à la récession pendant les mois d'été, mais tout juste, avec une hausse du Produit intérieur brut (PIB) de 0,1% au troisième trimestre. La bonne tenue de l'industrie dans les derniers mois de l'année sera déterminante pour la performance du quatrième trimestre, et de l'année toute entière.
La banque centrale allemande, la Bundesbank, a réajusté en baisse vendredi sa prévision pour cette année: s'alignant sur la plupart des instituts de conjoncture et des institutions internationales, elle attend dorénavant une croissance de 1,4%. Moins que les 1,9% qu'elle pronostiquait encore en juin, mais nettement mieux que l'an dernier (+0,1%) et que beaucoup de ses partenaires de la zone euro.
Pour l'an prochain la "Buba" a divisé par deux sa prévision: elle prédit dorénavant une croissance à 1%. Et pour l'année suivante 1,6% contre 1,8% prévu en juin.
Mais ses prévisions ne prennent pas en compte la chute du prix du pétrole ces dernières semaines, prévient l'institution. Or, celle-ci "agit comme un petit programme de conjoncture par le biais de l'allègement des charges des ménages et des coûts de production des entreprises", explique dans un communiqué le président de la Bundesbank, Jens Weidmann.
La baisse du prix de pétrole tant redoutée par Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE), pour ses effets dévastateurs sur la dynamique des prix en zone euro, pourrait même jouer comme un accélérateur de croissance pour la première économie européenne.
"Si le prix du pétrole reste longtemps à ce niveau contenu, la croissance des deux prochaines années pourrait ressortir entre 0,1 et 0,2 point de pourcentage au-dessus des prévisions", juge M. Weidmann
Mais l'inflation pourrait bien "être proche de zéro" à certains moments début 2015, prévient-il aussi.