Le brut monte sur fond de craintes d'escalade des tensions en Syrie
Vers 10H00 GMT (12H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août valait 106,50 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 57 cents par rapport à la clôture de vendredi. Le Brent atteint lundi 106,67 dollars, son niveau le plus élevé depuis le 4 avril.
Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance prenait 72 cents à 98,55 dollars. La référence américaine a marqué lundi en séance un nouveau plus haut en neuf mois, à 98,67 dollars.
"Le prix du pétrole est actuellement principalement déterminé par des aspects géopolitiques", indiquaient les analystes de Commerzbank.
"La décision des États-Unis de fournir des armes aux rebelles en Syrie menace de convertir la guerre civile syrienne en guerre par procuration entre les grandes puissances mondiales, étant donné que la Russie apporte de l'aide militaire au régime de Bachar al-Assad", détaillaient-ils.
Les États-Unis ont annoncé la semaine dernière vouloir apporter un soutien à l'opposition syrienne, en représailles à l'utilisation d'armes chimiques par le régime syrien.
Le sujet s'est d'ailleurs invité au sommet du G8, qui commence lundi en Irlande du Nord, les présidents américain et russe Barack Obama et Vladimir Poutine devant se rencontrer pour en discuter.
Le Premier ministre britannique David Cameron s'est dit déterminé à "faire pression" pour la tenue d'une conférence de paix en Syrie, que Washington et Moscou tentent difficilement d'organiser depuis mai.
"Les investisseurs craignent une escalade du conflit et un risque d'embrasement plus général de la région", estimaient les analystes de Saxo Banque, qui rappelaient à quel point le pétrole est "sensible aux risques géopolitiques".
Une sensibilité reflétée par les pics atteints ces derniers jours par le Brent et le WTI.
S'ajoutent à ces tensions "des déficits de production en Libye, au Soudan, au Nigeria et en Irak, ce qui, avec l'impact des sanctions iraniennes, porte le déficit total (d'offre) à près de 2 millions de barils par jour", soulignait David Hufton, du courtier PVM.
Le résultat surprise des élections en Iran, où le candidat le plus modéré a été élu, pourrait d'ailleurs potentiellement apaiser la pression exercée sur les cours du pétrole, estimaient les analystes.
"Le moindre succès dans l'apaisement sur le dossier nucléaire diminuerait substantiellement la prime de risque géopolitique (et donc in fine le prix du pétrole, ndlr)", indiquaient les experts de JBC Energy.
Les Occidentaux ont imposé un embargo financier et pétrolier à l'Iran, qu'ils soupçonnent de vouloir se doter de l'arme nucléaire sous couvert d'un programme civil. Cet embargo a fait drastiquement chuter les exportations iraniennes de brut.
Enfin, "les opérateurs attendent avec impatience la réunion (du Comité de politique monétaire) de la Réserve fédérale américaine (Fed) mardi et mercredi, à l'issue de laquelle le président Ben Bernanke devrait s'exprimer sur la longévité du programme de soutien massif (à l'économie américaine) en place", ajoutaient les experts de JBC Energy.
"Le moindre indice sur la réduction des largesses monétaires (de la Fed) donnerait des arguments aux opérateurs qui parient sur une baisse" du prix du pétrole, détaillaient-ils.
Les injections massives de liquidités de la Fed dans le système financier américain ont tendance à stimuler les investissements dans les actifs risqués, tels que le pétrole.
rp
(AWP / 17.06.2013 12h47)