Le brut progresse, dans un marché suspendu à la crise égyptienne
Vers 11H00 GMT (12H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars, dont c'est le dernier jour de cotation, s'échangeait à 101,35 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, grimpant de 48 cents par rapport à la clôture de jeudi.
Dans les échanges électroniques du New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance gagnait 20 cents à 86,93 dollars, après avoir terminé stable la veille.
Les cours du baril "sont soutenus par l'attitude de Hosni Moubarak face au mouvement de contestation populaire", relevait Filip Petersson, analyste de la banque SEB.
Le chef de l'Etat égyptien a indiqué jeudi soir qu'il refusait de lâcher le pouvoir, se contentant de déléguer des prérogatives au vice-président Omar Souleimane, un discours qui a provoqué la fureur parmi les centaines de milliers de manifestants égyptiens réclamant son départ immédiat.
L'annonce, vendredi, que l'armée égyptienne se portait garante des réformes promises par Hosni Moubarak, a été de même accueillie avec colère par les manifestants.
"Les Egyptiens sont peu susceptibles d'accepter cet état des choses, et le mouvement de contestation pourrait encore s'amplifier. Le risque sur les approvisionnements de pétrole et le risque de contagion (de la contestation) dans la région sont plus importants que jamais", estimait M. Petersson.
L'Egypte contrôle deux routes stratégiques pour l'acheminement du pétrole des pays du Golfe: le canal de Suez et l'oléoduc Suez-Méditerranée (Sumed).
"Sur le plus long terme, si l'opposition politique égyptienne obtient plus de libertés et de pouvoirs, on pourra s'attendre à d'autres types de crises politiques dans le pays, ce qui sera aussi un facteur de risque", ajoutait Filip Petersson.
Mais au-delà de l'Egypte, l'inquiétude est que les tensions s'étendent à d'autres producteurs clefs du Moyen-Orient, soulignaient les analystes de Commerzbank.
"Des rumeurs affirmant (jeudi) le décès du roi Abdallah d'Arabie saoudite, démenties immédiatement par la famille royale saoudienne, ont également aiguisé la sensibilité du marché" du pétrole, notaient-ils.
L'Arabie saoudite est le premier producteur au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).
La différence entre le WTI échangé à New York et le Brent coté à Londres, qui avait atteint jeudi un écart historique de 16 dollars, se réduisait quelque peu vendredi mais restait supérieur à 14 dollars, le marché new-yorkais pâtissant notamment de l'abondance des stocks de Cushing (Oklahoma, sud des Etats-Unis), principal centre de stockage du pays.
fah
(AWP/11 février 2011 12h35)