Violences en Libye: le pétrole ouvre en hausse de 8% à New York
New York - Les prix du pétrole s'envolaient de près de 8% mardi à l'ouverture à New York, où les marchés étaient fermés la veille, face aux violents affrontements qui touchaient la Libye, un important pays producteur.
Vers 14H30 GMT/15h30 HEC, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en mars s'échangeait à 92,92 dollars, en hausse de 6,72 dollars par rapport à vendredi.
Ce contrat, dont c'est le dernier jour de cotation, a atteint pendant les échanges électroniques 94,49 dollars, son niveau le plus élevé depuis début octobre 2008.
A Londres, sur l'Intercontinental Exchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance avril s'affichait en hausse de 1,06 dollar à 106,80 dollars, après un pic à 108,57 dollars, un prix inédit depuis le 4 septembre 2008.
Les marchés étaient fermés lundi aux États-Unis.
"Le marché est inquiet face à la menace d'une guerre civile", a commenté Phil Flynn, de PFG Best.
Une semaine après le début de l'insurrection qui a fait des centaines de morts selon des organisations internationales de défense des droits de l'Homme, l'armée a procédé à des bombardements et le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi est apparu pour démentir les rumeurs selon lesquelles il aurait quitté le pays.
En 2010, la Libye a produit 1,55 million de barils par jour, selon les données de l'Agence internationale de l'Énergie (AIE). Ce pays détient les plus grosses réserves de pétrole d'Afrique et est un des quatre principaux producteurs du continent. Le pays exporte 80% de son or noir vers l'Europe.
Parmi les groupes pétroliers, Repsol a dit avoir suspendu ses activités dans le pays, Total a rapatrié "la majeure partie" de ses expatriés. Le producteur d'électricité italien Edison a indiqué avoir constaté un ralentissement des livraisons de gaz en provenance de Libye.
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dont la Libye est membre, s'est dite "prête à réagir "si cela s'avérait nécessaire", par la voix du ministre du Pétrole des Émirats arabes unis.
"Le marché a été un peu apaisé" par ces déclarations, a observé Phil Flynn. "Mais il ne s'agit pas seulement d'un problème d'offre et de demande, mais de la stabilité de la région toute entière".
"Bien qu'une grande partie des infrastructures pétrolières dans la plupart de ces pays (d'Afrique du Nord) soit relativement isolée des régions les plus peuplées --où la violence est plus forte--, la vague d'incertitude géopolitique va probablement avoir un impact significatif sur les investissements étrangers", ont relevé les analystes de Barclays Capital.
Selon eux, la part des investissements étrangers dans le secteur pétrolier est "immense" dans le Maghreb.
"Plus généralement, la situation continue d'injecter une forte dose d'incertitude dans le marché pétrolier, surtout à moyen terme", ont poursuivi ces analystes.
"Une déstabilisation du monde arabe, où se trouvent les plus grandes réserves de pétrole et de gaz, et les plus grandes zones de productions, est extrêmement importante", ont-ils prévenu.
"Ce sont les événements en Libye qui dominent l'actualité, mais les troubles à Bahreïn pourraient avoir une importance stratégique bien plus forte en terme d'équilibre stratégique du pouvoir au Moyen-Orient", ont-ils remarqué.
Des dizaines de milliers de personnes défilaient mardi à Manama pour réclamer la chute du gouvernement de ce petit royaume du Golfe gouverné par une dynastie sunnite.
rp
(AWP/22 février 2011 16h01)