Poursuite de la hausse, le marché scrute la Libye
Vers 17H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril s'échangeait à 106,39 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 65 cents par rapport à la clôture de lundi, après avoir atteint 108,57 dollars, un sommet depuis le 4 septembre 2008.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars, dont c'est le dernier jour de cotation, valait 91,46 dollars, grimpant de 5,26 dollars par rapport à la clôture de vendredi, après être monté jusqu'à 94,49 dollars, son niveau le plus élevé depuis l'automne 2008.
La place new yorkaise était restée fermée lundi en raison d'un jour férié.
"Les troubles en Libye poussent les cours du pétrole à de nouveaux sommets", observaient les analystes de Commerzbank.
Le groupe espagnol Repsol a annoncé mardi qu'il suspendait sa production de pétrole en Libye, et le groupe italien ENI, premier producteur étranger d'hydrocarbures dans le pays, a également annoncé la suspension temporaire de "certaines" de ses activités.
La Libye est secouée depuis la fin de la semaine dernière par un mouvement de contestation populaire contre le régime de Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans, dont la répression aurait déjà fait plusieurs centaines de morts, selon différents bilans.
Les investisseurs écoutaient avec attention mardi une allocution télévisée du colonel Kadhafi, qui a promis de se battre "jusqu'à la dernière goutte de (son) sang".
La Libye, membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), est le quatrième producteur de pétrole en Afrique, avec près de 1,8 million de barils par jour et possède des réserves évaluées à 42 milliards de barils.
Les courtiers achetaient massivement du Brent de la mer du Nord, car toute perturbation des approvisionnements au Moyen-Orient ou en Afrique du Nord affecterait en premier lieu le marché européen.
L'Arabie saoudite, premier producteur de pétrole de l'Opep, a tenté mardi de rassurer le marché. Le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaimi, a déclaré qu'il "n'y a pas de pénurie en ce moment sur le marché, mais s'il y avait une diminution de l'offre, en raison de perturbations dans des pays producteurs, les pays de l'Opep, comme l'Arabie saoudite, accroîtront leur production".
Les cours du WTI coté à New York restaient pour leur part largement sous le seuil de 100 dollars, toujours pénalisés par une surabondance des stocks aux Etats-Unis.
Les chiffres hebdomadaires des réserves officielles de pétrole aux Etats-Unis, traditionnellement publiés le mercredi par le Département de l'Energie (DoE), ne seront diffusés que jeudi, en raison du jour férié observé lundi.
Cependant, "si les troubles en Libye s'étendent au reste de la région, les prix du pétrole pourraient grimper à des niveaux records", prévenait Torbjorn Kjus, analyste chez DnB NOR, ajoutant qu'ils pourraient même pulvériser les 147 dollars atteints à Londres et New York en juillet 2008.
"L'Algérie, la Libye, l'Iran, l'Irak, le Koweït, le Qatar, les Emirats arabes unis, et l'Arabie saoudite exportent environ 20 millions de barils de pétrole par jour (soit un peu moins d'un quart de la demande mondiale, ndlr), alors il est tout naturel que le marché intègre dans les cours un risque grandissant d'une contagion des troubles", expliquait M. Kjus.
jq
(AWP/22 février 2011 18h31)