Baisse accentuée, le marché s'interroge sur l'offre saoudienne
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la Mer du Nord pour livraison en juillet s'établissait à 118,26 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, cédant 1,31 dollar par rapport à la clôture de jeudi.
Il était monté jusqu'à 120,07 dollars dans les échanges asiatiques, franchissant le seuil de 120 dollars pour la première fois depuis le 5 mai.
Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 2,54 dollars à 99,39 dollars.
Après deux séances de nette hausse au cours desquelles les prix du baril ont engrangé plus de 3 dollars, les prix pâtissaient des anticipations d'un accroissement sensible de la production de l'Arabie saoudite, premier exportateur mondiale de brut.
L'absence, mercredi, de consensus au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pour modifier ses quotas de production, et ce statu quo forcé "a créé de la confusion et de l'incertitude pour le marché", rappelait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden.
"Mais l'Arabie Saoudite a envoyé quelques signes encourageants, indiquant qu'elle garantirait l'approvisionnement du marché, et comme promis, il apparaît qu'elle offrira davantage de brut à deux ou trois raffineurs asiatiques pour couvrir leur demande croissante", précisait-elle.
L'Arabie saoudite avait proposé mercredi lors d'une réunion de l'Opep à Vienne de relever les quotas du cartel, mais s'était heurtée à l'intransigeance de la moitié des Etats membres, emmenés par l'Iran et le Venezuela.
Selon les analystes de JPMorgan, le royaume saoudien devrait pomper 10 millions de barils par jour en juillet, une hausse de plus de 500.000 barils par jour par rapport à juin, dopée par une demande asiatique accrue.
Par ailleurs, le marché renouait avec la prudence en "l'absence d'indicateurs économiques ou sectoriels majeurs", ce qui pouvait ouvrir la voie à des prises de bénéfices, précisait Filip Petersson, de la banque suédoise SEB.
Les prix pâtissaient également de la remontée du dollar face à un euro pénalisé par l'enlisement de la crise de la dette souveraine grecque.
Les prix du baril étant libellés en dollars, une hausse du billet vert est de nature à peser sur le marché du pétrole, l'or noir devenant alors un placement moins attractif pour les investisseurs détenant des devises autres que le dollar.
"Jeudi a été un jour où la corrélation entre le pétrole et le dollar ne s'est pas vérifiée, avec une hausse à la fois du brut et du billet vert", observait Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix.
"Cependant, si l'euro continue sa chute, nous pensons que la pression à la baisse (sur le pétrole) ne pourra être ignorée plus longtemps par le marché", expliquait-il.
Par ailleurs, l'écart de prix entre le baril de Brent échangé à Londres et le baril de "light sweet crude", ou WTI (West Texas Intermediate), plombé par l'abondance des stocks pétroliers américains, s'est encore creusé vendredi, atteignant plus de 19 dollars, un niveau record.