Le brut recule nettement à New York dans un marché rassuré sur la Syrie
(reprise de la veille)
New York - Les prix du pétrole new-yorkais ont clôturé en nette baisse mardi alors que s'affirmait l'espoir d'une solution diplomatique en Syrie permettant d'éviter le recours à une action militaire susceptible de troubler fortement la production de brut au Moyen-Orient.
Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en octobre a cédé 2,13 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) pour s'établir à 107,39 dollars.
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre a terminé à 111,25 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 2,47 dollars par rapport à la clôture de lundi.
Le marché "a sans conteste été guidé par les nouvelles informations sur la Syrie, à savoir l'essor de solutions alternatives au largage de roquettes sur le pays", selon James Williams de WTRG Economics.
La Russie a provoqué un coup de théâtre lundi en annonçant avoir proposé à ses alliés syriens de placer leur stock d'armes chimiques sous contrôle international et de le détruire, une proposition acceptée par Damas mardi et accueillie favorablement par Washington.
"Tout se met en place pour qu'une intervention militaire soit évitée et même si on peut s'attendre à traverser une période alternant espoirs de sortie de crise et durs rappels à la réalité, cela fait baisser les prix du brut", a relevé John Kilduff d'Again Capital.
"On va devoir attendre pour voir si (la proposition russe) est couronnée de succès, peut-être plusieurs semaines, mais on est en train de perdre la prime de risque géopolitique" qui a fait récemment grimper le prix du baril de brut new-yorkais à son plus haut en deux ans, a renchéri M. Williams.
La Syrie ne produit que quelques dizaines de milliers de barils de brut par jour mais les marchés craignent qu'une intervention militaire ne déstabilise l'ensemble du Moyen-Orient, qui représente 35% des exportations pétrolières mondiales.
Autre raison favorisant la baisse du prix du brut selon M. Kilduff: "On continue d'entendre des rumeurs sur un possible retour imminent du pétrole libyen sur le marché".
La production de brut libyen, perturbée par un conflit entre le gouvernement et les gardes des installations pétrolières, a en effet chuté ces dernières semaines à moins de 100'000 barils par jour alors qu'elle s'établit, hors période de conflit, autour de 1,5 à 1,6 million b/j.
Ces facteurs reléguaient au second plan des données confirmant une embellie de l'économie chinoise, deuxième consommatrice mondiale d'or noir, qu'il s'agisse d'une progression marquée de la production industrielle ou d'une hausse importante des ventes de détail, a remarqué Matt Smith, de Schneider Electric.
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a par ailleurs légèrement révisé à la hausse ses prévisions de demande mondiale de pétrole pour 2013 et l'année suivante, rassurée notamment par une embellie du marché automobile en Europe.
Mais, selon M. Kilduff, ce changement est trop mineur par rapport à l'évolution de la situation en Syrie pour avoir un impact réel sur le marché.
Les investisseurs attendent désormais la publication mercredi du rapport hebdomadaire des autorités américaines sur l'état des réserves de brut dans le pays. La semaine dernière, les stocks de brut avaient reculé de 1,8 million de barils, à leur plus faible niveau depuis février 2012.
afp/rp
(AWP / 11.09.2013 06h21)