L'Opep+ débat d'une baisse massive de la production
Cette réduction drastique pourrait atteindre 20 millions de barils par jour (bpj), soit environ 20% du total mondial, a-t-on déclaré de source proche du cartel et de source russe.
Selon une autre source proche de l'Opep+, l'Opep+ envisage une baisse de plus de 12 millions de bpj et demande aux autres pays producteurs une baisse de 5 millions de bpj.
Les discussions, qui se tiennent par visioconférence, sont compliquées en raison de frictions entre la Russie et l'Arabie saoudite, qui joue un rôle moteur au sein de l'Opep, mais selon ces sources, Moscou et le cartel pétrolier ont réussi à surmonter leurs divergences.
Le ministre russe de l'Energie Alexandre Novak a encore insisté sur ce point jeudi, appelant tous les pays producteurs à se joindre à cet effort de réduction.
Washington a pour l'instant écarté cette hypothèse, expliquant que la baisse des cours conduisait déjà les compagnies américaines à diminuer leur production.
L'arrêt d'une grande partie des activités économiques en raison de l'épidémie de coronavirus a provoqué une chute drastique de la demande mondiale, de 30% ou environ 30 millions de barils par jour (bpj), au moment même où l'Arabie saoudite et la Russie inondaient le marché avec une offre accrue.
Le baril de Brent est tombé le mois dernier à son plus bas niveau depuis 18 ans et s'échangeait jeudi à environ 33 dollars, soit moitié moins que son prix fin 2019.
Goldman Sachs prévoit un baril à 20 dollars
Cette chute des cours ampute sévèrement les budgets des Etats producteurs ainsi que ceux du secteur américain du pétrole de schiste, dont l'extraction nécessite des investissements lourds.Une baisse de 20 millions de bpj représenterait un effort considérable et totalement inédit dans l'histoire du marché pétrolier. La baisse la plus forte dans les annales remonte à la crise financière de 2008, quand l'Opep, sans la Russie, avait décidé de réduire sa production de 2,2 millions de bpj.
On ignore encore à partir de quels niveaux de production la baisse en négociation serait calculée. La Russie estime que les réductions devraient se baser sur les niveaux de production du premier trimestre, l'Arabie saoudite sur ceux d'avril, alors que la production a augmenté dans l'intervalle.
Les banques Goldman Sachs et UBS estiment que même une baisse massive de la production ne suffira pas à enrayer la dégringolade des cours et que les prix du pétrole pourraient tomber à 20 dollars le baril, voire moins.
"Au bout du compte, l'ampleur du choc de la demande est tout simplement trop important pour une baisse coordonnée de l'offre", écrit Goldman Sachs dans une note.
Aux États-Unis, l'un des pays les plus touchés par l'épidémie de COVID-19, la consommation d'essence a chuté de 48% à 5,1 millions de barils par jour durant les trois semaines au 3 avril.
La réunion de l'Opep+ sera suivie vendredi d'une conférence téléphonique entre les ministres de l'Energie du G20, que préside actuellement l'Arabie saoudite.
Des pays importateurs pourraient, à cette occasion, annoncer des achats de pétrole à destination de leurs réserves stratégiques afin d'augmenter la demande, a déclaré Fatih Birol, directeur de l'Agence internationale de l'énergie.
(c) Reuters