BP s'envole à Londres sur des informations d'entrée au capital du fonds Elliott
![Compagnie pétrolière BP](/images/stories/petrole_bp.jpg)
Les investisseurs réagissaient à une information publiée dimanche par l'agence Bloomberg, révélant qu'Elliott Investment Management "a acquis une participation significative dans le géant britannique de l'énergie", sans en préciser l'ampleur.
Le cours de Bourse de BP est à la traîne par rapport à ses rivaux, notamment américains. Or ce fonds est connu pour demander des changements stratégiques au sein des groupes dans lesquels il investit.
"Ce n'est pas la première fois qu'un investisseur activiste cible BP", en particulier pour lui demander "d'abandonner ses objectifs de réduction de combustibles fossiles", rappelle Kathleen Brooks, analyste chez XTB.
Le fonds activiste Bluebell appelle ainsi depuis plus d'un an BP à revoir encore à la baisse ses ambitions jugées "irrationnelles" sur les énergies propres.
Mais "la différence ici est qu'Elliott est plus connu que Bluebell et a l'habitude d'imposer les changements qu'il souhaite au sein des entreprises", poursuit Mme Brooks.
BP, qui doit publier mardi son résultat annuel pour 2024, a annoncé le mois dernier 4700 suppressions d'emplois en interne et 3000 chez ses sous-traitants, dans le cadre d'un programme pluriannuel de simplification et de recentrage de BP", destiné à améliorer sa compétitivité et à "réduire ses coûts".
Le groupe a annoncé tout au long de l'année 2024 des résultats bien moins bons qu'espérés, avec des bénéfices en forte chute sur les trois premiers trimestres.
Dans l'espoir de doper son cours en Bourse, BP a annoncé en décembre son intention de réduire "de manière significative" ses investissements dans les énergies renouvelables, après avoir déjà freiné sur ses objectifs climatiques.
Il s'agit d'un changement de stratégie radical pour l'entreprise, qui s'était distinguée à partir de 2020 par un ambitieux plan de neutralité carbone.
Et BP pourrait aller plus loin: les investisseurs spéculent depuis des mois sur un possible abandon de sa promesse de réduire la production de pétrole de 25% d'ici à 2030 par rapport à ses niveaux de 2019.
"BP n'est pas seulement tombé derrière le peloton de tête des grands noms américains du secteur de l'énergie, mais aussi derrière les poursuivants, dont son plus proche concurrent Shell", selon Russ Mould, analyste chez AJ Bell."Il y a de fortes chances qu'Elliott fasse pression pour que l'entreprise cesse d'allouer des capitaux aux projets existants d'énergies renouvelables et d'énergie propre" voire pour qu'il "les abandonne complètement", selon lui.
Une scission, un transfert de sa cotation aux Etats-Unis voire un rachat pur et simple par un concurrent pourraient être sur la table, poursuit l'analyste, même si "le niveau d'endettement (de BP) pourrait s'avérer prohibitif pour un repreneur potentiel".
(c) AFP