Shell: le bénéfice chute, les actionnaires font pression sur l'environnement
Le patron du groupe Wael Sawan a également écarté la possibilité de faire coter l'entreprise, l'une des plus prestigieuses du FTSE 100 et y pesant le plus lourd, à New York plutôt qu'à Londres.
Le bénéfice net part du groupe a reculé de 15,5% sur un an à 7,4 milliards de dollars (6,9 mds EUR) au premier trimestre pour un chiffre d'affaires en repli de 16% sur un an à 74,7 milliards de dollars, d'après un communiqué.
Des propos largement contredits par les ONG écologistes.
Greenpeace déplore notamment que "Shell continue à encaisser des milliards de dollars en faisant écouler le carburant à l'origine de la crise climatique".
Lors de son assemblée générale prévue le 21 mai, le groupe devrait affronter de nouvelles frondes sur l'environnement de la part d'actionnaires activistes.
Le groupe Follow This a déposé une résolution demandant au géant des hydrocarbures de respecter les accords de Paris sur le climat et de limiter ses émissions de CO2 de façon à limiter le réchauffement de la planète "bien en dessous de 2 degrés".
"Jeudi, des investisseurs gérant collectivement 3.500 milliards d'euros d'actifs demandent à leurs pairs" actionnaires de Shell "de voter en faveur de la résolution sur le climat à l'assemblée générale".
Les actionnaires signataires de ce communiqué publié sur le site de Follow This comprennent Amundi, AXA, London CIV et Brunel entre autres, appellent les actionnaires de Shell à envoyer "un signal fort à toute l'industrie des carburants fossiles".
⤵ Wall Street écarté
Shell "n'a pas amélioré ses objectifs climatiques en 2023 et le (...) directeur général a semblé revenir sur l'action en faveur du climat", justifie Follow This.Le conseil d'administration de Shell a appelé à voter contre la résolution 23, estimant qu'elle n'est "pas dans le meilleur intérêt de l'entreprise".
En mars, Shell avait abaissé un objectif climatique crucial, envisageant de diminuer de 15 à 20% l'intensité carbone nette (ratio des émissions polluantes sur les volumes produits).
Lors d'une conférence d'analystes, Wael Sawan a par ailleurs douché les spéculations sur une possible cotation de Shell, l'un des poids lourds de la place boursière londonienne, à Wall Street.
Il a reconnu que les dirigeants du groupe considèrent que l'action se situe "à un prix que nous jugeons sous sa valeur juste de marché" mais se focalise pour l'instant "sur les rachats d'actions" pour faire grimper la valeur du titre.
"Nous aurons toujours quelque chose comme la cotation ou d'autres éléments en cours d'évaluation, mais je peux vous dire que ce n'est pas une discussion d'actualité en ce moment", a ajouté M. Sawan.
Son titre a accéléré ses gains après la conférence d'analystes et prenait 2,41% à 2.887,00 pence en fin de séance à Londres.
L'action était aussi soutenue par l'annonce d'un programme de rachat d'actions de 3,5 milliards de dollars qui devrait être terminé cet été d'ici la prochaine annonce de résultats.
Au premier trimestre, les recettes de la division d'exploration et forage d'hydrocarbures ("upstream") ont fortement baissé (-18%) comparé à la même époque un an plus tôt.
Les cours du gaz notamment ont chuté de 26% sur les douze derniers mois après avoir atteint des records au début de la guerre en Ukraine, tandis que les cours du pétrole ont un peu rebondi depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
Les résultats de la division d'exploration et extraction pâtissent aussi de dépenses d'investissement en hausse et d'un recul de la production disponible à la vente.
Les revenus de la division de marketing, qui comprennent certaines activités de décarbonation, sont aussi en repli ainsi que la chimie, tandis que la division des renouvelables voit ses résultats divisés par quatre environ sur un an.
Pour le deuxième trimestre, le groupe prévoit une nette baisse de production d'hydrocarbures comparé au premier.
(c) AFP