BP promet la neutralité carbone d'ici 2050 mais reste flou sur la méthode
Cet objectif, dévoilé mercredi par le groupe, est porté par le nouveau directeur général Bernard Looney, en poste depuis une semaine et qui promet dans un communiqué de "réinventer BP".
Les groupes pétroliers, l'une des industries les plus polluantes de la planète, sont attendus au tournant par la société et les mouvements écologistes mais aussi par de plus en plus d'investisseurs sur la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre.
Il donne très peu d'éléments sur les mesures qu'il compte mettre en place, si ce n'est qu'il veut augmenter la proportion, encore très limitée, de ses investissements dans des activités plus vertes, actuellement autour de 5%, sans toutefois donner de chiffres sur la part dorénavant visée.
BP veut en outre réduire de 50% l'intensité carbone, d'ici 2050, des produits qu'il vend à ses clients, et réduire les émissions de méthane (un gaz à effet de serre beaucoup plus puissant que le CO2), sur toutes ses opérations de production d'hydrocarbures.
"Nous avons besoin d'une transition rapide vers la neutralité carbone. Ce sera certainement un défi mais également une fabuleuse occasion", déclare M. Looney, qui doit s'exprimer pour la première fois en tant que patron de BP mercredi après-midi à Londres.
Greenpeace n'a pas caché ses doutes. L'ONG demandait au groupe de réduire ou de renoncer à son programme d'investissement de dizaines de milliards de dollars dans l'exploration de pétrole et de gaz.
"Des questions pressantes restent sans réponse. Comment vont-ils atteindre la neutralité carbone ? Est-ce que ce sera grâce à la compensation carbone?", s'interroge Charlie Kronick, un responsable de l'ONG pour le Royaume-Uni, regrettant le peu d'informations disponibles sur les ambitions du groupe dans les énergies renouvelables.
BP va devoir convaincre en outre ses actionnaires, puisqu'il réalise l'essentiel de ses confortables bénéfices grâce aux hydrocarbures, ce qui lui permet de verser d'importants dividendes.
"Nous ne pouvons repenser l'énergie que si nous sommes solides, capables de payer des dividendes à nos actionnaires et de générer assez de trésorerie pour investir dans des activités à faible émission carbone", souligne M. Looney.
Malgré des prix du pétrole moins favorables, BP a dégagé encore 4 milliards de dollars de profit net en 2019.
Le dirigeant va entreprendre une réorganisation du groupe, en mettant fin à la séparation de ses activités entre l'amont (exploration et production) et l'aval (raffinage). Il propose à la place un groupe plus intégré composé de 11 équipes dont une dédiée au gaz et à l'énergie verte.
Les objectifs climatiques dévoilés par BP restent toutefois parmi les plus ambitieux de l'industrie pétrolière.
Son grand concurrent, le groupe anglo-néerlandais Royal Dutch Shell, se contente de vouloir réduire de 50% son empreinte carbone d'ici 2050 et entend devenir la plus grande compagnie d'électricité au monde au début des années 2030.
Le français Total, assigné en justice en France pour "inaction" climatique, assure lui développer des énergies moins polluantes, investir et faire des efforts pour limiter ses fuites de méthane.
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) avait estimé le mois dernier que le secteur pétrolier et gazier pouvait "faire beaucoup plus" pour répondre à la crise climatique et respecter les accords de Paris.
Dans un rapport publié mercredi, l'ONG WWF a prévenu que l'inaction climatique pourrait coûter 479 milliards de dollars chaque année à l'économie mondiale d'ici 2050, en raison de la perte de zones agricoles et de l'érosion des côtes.
Signe d'un enthousiasme modéré du marché, le titre de BP prenait 0,66% à 472,80 pence à 12H35 GMT dans un marché londonien en hausse de 0,33%. Il a perdu environ 20% de sa valeur depuis un plus haut fin septembre 2018.
(c) AFP