BP voit son bénéfice divisé par plus de deux en 2019
En 2018, le groupe dont Bernard Looney prend la direction mardi en remplacement de Bob Dudley, avait dégagé un bénéfice de 9,4 milliards de dollars.
Le bénéfice sous-jacent au coût de remplacement, statistique très suivie par le marché, est également en recul sur un an à 10,0 milliards de dollars.
Au quatrième trimestre, le bénéfice a fondu à 19 millions de dollars contre 766 millions sur la même période un an plus tôt.
Le groupe note que ses versements compensatoires pour la marée noire dans le Golfe du Mexique survenue il y a bientôt dix ans se sont élevés à 2,4 milliards de dollars sur l'année après impôts et devraient atteindre moins d'1 milliard pour 2020.
"Nous continuons à faire de bons progrès sur notre programme de cessions d'actifs, avec des transactions annoncées de 9,4 milliards de dollars depuis début 2019", note Brian Gilvary, directeur financier, dans le communiqué.
Qualifiant l'environnement de l'année passée de "faible" pour l'industrie pétrolière, il s'attend aussi au premier trimestre 2020 à des marges de raffinage en baisse dans le secteur et "à des baisses de prix du pétrole lourd en Amérique du Nord comparé au quatrième trimestre 2019".
"Cadeau de départ"
Alors que les groupes pétroliers sont sous pression du public et de plus en plus des investisseurs pour réduire leur impact carbone face à l'urgence climatique, BP révèle une production d'éthanol de 796 millions de litres sur l'année, en légère hausse (765 millions en 2018).
En revanche la capacité de génération d'électricité éolienne est en baisse à 926 MW fin 2019 (1.001 MW fin 2018), et la production a également reculé en raison de cessions.
"L'inquiétude pour les majors pétrolières c'est de voir la chute de la demande en Asie à cause de l'épidémie de coronavirus, qui pèse sur les prix du Brent, se poursuivre pendant toute l'année", remarque Neil Wilson, analyste de Markets.
Les prix pétroliers ont chuté de plus de 20% comparé à leur sommets de septembre, à cause des craintes pour la croissance chinoise, deuxième consommateur mondial d'or noir.
D'autant que "les fondamentaux du marché restent orientés à la baisse avec une demande mondiale qui chute alors que la production augmente aux Etats-Unis, en Norvège et au Brésil, ce qui laisse (le cartel pétrolier de) l'Opep sans cartouches pour soutenir les prix", poursuit-il.
"Mais après des résultats moins bons qu'attendu chez Shell, Chevron et ExxonMobil, il semble que BP s'en soit sorti un peu mieux dans un marché difficile", conclut M. Wilson.
Malgré le "cadeau de départ" du dividende relevé, qui jouait largement dans la hausse du titre mardi, Jasper Lawler, de LCG, remarque qu'aucune "mesure stratégique n'a été annoncée pour faire face aux bénéfices déprimés", et que ce sera désormais l'un des défis de Bernard Looney.
(c) AFP