Pétrole: l'Opep+ dans la dernière ligne droite, en quête d'un compromis
Avec deux heures de retard sur l'agenda annoncé, les pays producteurs avaient repris leurs échanges en visioconférence un peu plus tôt dans la journée, aux alentours de 15H00 GMT (17H00 à Paris et à Vienne, siège de l'organisation), afin de boucler la réunion technique (JMMC) interrompue jeudi.
Autour de la table, les treize membres historiques emmenés par l'Arabie saoudite et les dix alliés depuis 2016 conduits par la Russie.
Depuis le début de la pandémie, la coordination est très étroite et les rendez-vous de l'alliance sont quasi mensuels, une recette qui a permis de sortir les cours de l'abîme: ils évoluent même actuellement à des niveaux inédits depuis octobre 2018, autour de 75 dollars le baril pour les deux contrats de référence de part et d'autre de l'Atlantique, le Brent BRENT Le Brent ou brut de mer du nord, est une variation de pétrole brut faisant office de référence en Europe, coté sur l'InterContinentalExchange (ICE), place boursière spécialisée dans le négoce de l'énergie. Il est devenu le premier standard international pour la fixation des prix du pétrole. et le WTI WTI Le West Texas Intermediate (WTI), aussi appelé Texas Light Sweet, est une variation de pétrole brut faisant office de standard dans la fixation du cours du brut et comme matière première pour les contrats à terme du pétrole auprès du Nymex (New York Mercantile Exchange), la bourse spécialisée dans l'énergie..
Pourtant jeudi, les différents protagonistes s'étaient séparés sans trouver de consensus, reportant leurs négociations au lendemain.
Le couac viendrait d'une "objection de dernière minute soulevée par les Émirats arabes unis à un accord conclu plus tôt dans la journée entre la Russie et l'Arabie saoudite", les deux poids lourds de groupe, affirment les analystes de Deutsche Bank.
Réouverture prudente
Abou Dhabi voudrait relever son volume de production de référence, à partir duquel est calculé son quota, "de l'ordre de 600.000 barils par jour" pour atteindre 3,8 millions de barils par jour, un niveau qui lui permettrait d'augmenter de façon plus importante sa production, précise Ole Hansen, de Saxobank.Mais en cas d'aval, "les autres membres pourraient protester", prévient Louise Dickson, de Rystad.
Lors d'un dernier sommet éclair le 1er juin, l'alliance s'était quittée en se donnant rendez-vous un mois plus tard pour fixer son volume de production à compter d'août, voire au-delà.
L'agence financière Bloomberg, citant une source anonyme, avançait jeudi le retour d'un volume de 2 millions de barils par jour d'ici fin 2021, à raison de 400.000 barils par jour chaque mois, une option qui n'a donc pas été actée jeudi mais qui serait toujours sur la table.
Cette stratégie s'inscrirait dans la continuité de la politique du cartel menée depuis mai: rouvrir petit à petit le robinet d'or noir après l'avoir serré de manière très forte au début de la pandémie face à une demande moribonde.
"Le travail se poursuit" à l'échelon ministériel, a indiqué plus tôt dans la journée le porte-parole du Kremlin qui, interrogé sur une possible crise comparable à celle de mars 2020, quand Moscou et Ryad étaient repartis dos à dos, entraînant un plongeon sans précédent des prix, s'est abstenu de tout commentaire.
L'OPEP+ fait face à une équation complexe, partagée entre une reprise bien réelle de la demande mais qui reste fragile, un retour probable à moyen terme des exportations iraniennes et des prix élevés, qui entraînent la grogne de certains gros pays importateurs comme l'Inde.
Cette alliance scellée en 2016 va également discuter de l'extension de leur entente sur la production jusqu'à fin 2022, au lieu d'avril 2022 pour le moment, a précisé dans une note Neil Wilson, de Markets.com.
(c) AFP