ExxonMobil et Chevron réconfortés par le nouvel eldorado de l'or noir
Chevron a même atteint son plus haut niveau historique sur un trimestre, à 3,08 millions de barils équivalent pétrole par jour (mbj) produits quotidiennement au deuxième trimestre, en hausse de 9%, a indiqué vendredi le groupe texan.
La montée en puissance des deux géants pétroliers dans le bassin permien coïncide avec la réduction des investissements des petits autres acteurs découragés par les bas prix des hydrocarbures conventionnels.
A l'inverse, les majors ont augmenté leurs investissements dans cette région où ExxonMobil prévoit de pomper 1 million de barils par jour à compter de 2024. C'est 80% de plus que sa projection initiale.
Le groupe, qui a réorganisé ses activités d'exploration pétrolière, a notamment augmenté de 22% l'enveloppe destinée aux investissements.
Les profits souffrent
S'il mise sur le bassin permien, Chevron a prévenu qu'il ne fera pas des folies. Il a ainsi refusé de surenchérir sur son compatriote Anadarko, spécialiste de gaz naturel, omniprésent dans cette région qui s'étend de l'ouest du Texas au sud-est du Nouveau Mexique. Le bassin permien abrite les principales réserves américaines et est devenu officiellement le champ le plus prolifique au monde devant le bassin saoudien Ghawar avec des extractions de 4,1 mbj en mars, d'après l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA).
Il n'est toutefois pas à l'abri d'un retournement de tendance: le groupe de services pétroliers américain Halliburton, qui fournit des technologies et équipements destinés au forage, a supprimé en début de mois 8% de ses effectifs nord-américains, tandis que le spécialiste du forage Helmerich & Payne a averti que le pire est à venir pour l'industrie des pétrole et gaz de schiste.
ExxonMobil a dégagé un bénéfice net de 3,1 milliards de dollars au 2ème trimestre, en baisse de 20,75% sur un an, pour un chiffre d'affaires de 69,1 milliards (-6%).
Fait rare, Chevron a gagné beaucoup plus d'argent que lui, dégageant un profit trimestriel de 4,3 milliards de dollars, en hausse de 26,3% sur un an, principalement grâce à un chèque de 740 millions que lui a signé son compatriote Anadarko pour rupture de fiançailles.
Le chiffre d'affaires de Chevron a néanmoins plongé de 8% à 38,85 milliards de dollars.
La rentabilité des géants européens a également diminué: le bénéfice de Royal Dutch Shell a été divisé par deux à moins de 3 milliards de dollars, tandis que BP a vu le sien plonger de 35% à 1,82 milliard et Total de 26% à 2,8 milliards.
"Les résultats du deuxième trimestre (...) ont été dopés par des volumes de production record et la réception de frais de rupture de la fusion avec Anadarko, mais l'impact des prix bas du pétrole et du gaz a limité leur progression", a résumé Michael Wirth, le PDG de Chevron.
Les prix de l'or noir ont évolué aux alentours de 58,47 dollars à New York au deuxième trimestre, soit près de 16 dollars de moins qu'à la même période de 2018.
Des travaux de maintenance non prévus dans les raffineries de Baytown (Texas), Sarnia (Canada) et Yanbu (Arabie saoudite) ont en outre freiné ExxonMobil qui vend également au consommateur ses hydrocarbures via les stations-services.
L'activité de raffinage a ainsi vu son bénéfice plonger de 88,3%.
A Wall Street, l'action ExxonMobil décrochait de 1,28% vers 14H45 GMT, tandis que le titre Chevron reculait de 1,93%.
(c) AwP