La chute du pétrole engloutit les bénéfices d'ExxonMobil et Chevron
Ses mauvais résultats ont déplu aux marchés financiers qui ont sanctionné les titres des deux groupes en Bourse.
Premier groupe pétrolier du globe, ExxonMobil a vu ses bénéfices divisés par plus de deux à 4,2 milliards de dollars au deuxième trimestre.
Si investisseurs et experts s'attendaient à ce que les deux groupes gagnent moins d'argent que par le passé, l'ampleur du déclin les a pris de court d'autant que les deux géants ont échoué à égaler des anticipations faibles.
Le bénéfice par action ajusté, référence en Amérique du nord, s'est établi à 1 dollar pour ExxonMobil, soit 11 cents de moins que ce qui était escompté. L'écart est de 86 cents entre la performance de Chevron et les pronostics.
A Wall Street: le titre ExxonMobil reculait de plus de 4% et celui de Chevron de plus de 3% vers 15H10 GMT.
- Faibles
John Watson, le PDG de Chevron, a qualifié les résultats de son groupe de faibles et promis de tailler dans les coûts pour stimuler la croissance.
Nos résultats financiers du 2e trimestre (...) reflètent une baisse du prix du brut de près de 50% par rapport à l'an dernier, a-t-il déclaré.
Sur le marché américain, le prix de vente moyen du baril de brut s'est établi à 50 dollars pour 92 dollars sur la même période l'an passé alors que pour le gaz naturel le prix par millier de pieds cube (1000 pieds cube = 28,5 mètres cube) a été de 1,92 dollar pour 4,09 dollars sur la même période il y a un an.
La passe difficile que traverse les deux majors pétrolières se lit dans la performance des activités de l'amont (production-exploration), traditionnelles locomotives des bénéfices.
Les bénéfices de cette division emblématique ont été divisés par quasiment trois à 2 milliards de dollars pour ExxonMobil. Elle est même dans le rouge pour Chevron, avec une perte de 1,04 milliard de dollars.
Seul lot de consolation, la production de pétrole et de gaz a augmenté malgré des retards de certains projets et l'épuisement de puits matures.
Elle s'élève à 4 millions de barils équivalent pétrole par jour (+3,6% sur un an) pour ExxonMobil et à 2,6 millions (+2%) pour Chevron.
- Economies
Comme le reste de l'industrie pétrolière, les deux mastodontes tablent sur des économies d'échelle, des désinvestissements, des cessions d'actifs (Chevron) pour préserver leurs profits dans le contexte actuel de prix du pétrole bas.
La maîtrise de nos coûts est fondamentale, avance Jeff Woodbury, un des vice-présidents d'ExxonMobil lors d'une conférence téléphonique.
Les efforts pour améliorer les résultats et la trésorerie sont en voie, a assuré de son côté John Watson.
Chevron, qui est plus sensible aux fluctuations des cours de l'or noir que son rival parce que 67% de sa production est du pétrole contre 54% à ExxonMobil, veut renégocier des contrats tout au long de sa chaîne de production. Il va aussi supprimer 1.500 emplois, soit 2,3% de ses effectifs globaux, dans l'espoir d'économiser environ un milliard de dollars.
ExxonMobil a fortement réduit ses investissements de 16% sur un an au deuxième trimestre, à 8,26 milliards de dollars, et envisage d'en faire plus sur l'ensemble de l'année. Le groupe, fait rare, a diminué de moitié, soit 500 millions de dollars, son programme de rachats d'actions censé gonfler artificiellement son cours en Bourse.
Chevron et ExxonMobil ont un modèle économique qui les placent à tous les échelons de l'industrie pétrolière: de l'exploration à la vente au consommateur via les stations à essence notamment.
C'est cette architecture qui leur a permis jusqu'ici de résister quelque peu au plongeon des prix.
Lors du deuxième trimestre, les bénéfices du raffinage (aval) ont été multipliés par deux à 1,42 milliard de dollars pour Chevron et quasiment autant pour ExxonMobil à 1,5 milliard.
Traditionnellement, quand les prix du brut sont bas, les coûts de traitement sont allégés, ce qui bénéficie aux raffineurs.
jld-lo/LyS
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(c) AFP