Le résultat trimestriel de BP dopé à son tour par les prix de l'énergie
Le résultat hors éléments exceptionnels, indicateur le plus suivi par les marchés, est ressorti à 8,2 milliards de dollars (presque autant en francs), contre 3,3 milliards un an plus tôt. Il est un peu en dessous du chiffre de 8,5 milliards affiché au trimestre précédent, mais bien au-dessus des attentes du marché.
Le perte nette est quant à elle de 2,2 milliards de dollars sur la période - en légère baisse sur un an - et traduit un "effet comptable défavorable" de 10,1 milliards lié notamment à la hausse des prix du gaz. Ces derniers tirent vers le haut la valeur du risque inscrite dans les comptes pour certains contrats en cours.
BP s'attend toutefois à ce que les prix du brut, qui se sont envolés dans la foulée de la guerre en Ukraine, restent élevés au quatrième trimestre en raison de l'annonce récente de réduction de l'offre de l'OPEP+, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, "dans un contexte d'incertitude persistante liée aux exportations de pétrole russe".
Pour le gaz, le groupe estime que les prix resteront élevés et volatils en raison d'un manque d'approvisionnement vers l'Europe.
BP a par ailleurs annoncé mardi un programme de rachat d'actions de 2,5 milliards de dollars, portant le total des rachats annoncés cette année à 8,5 milliards.
L'action de BP à la Bourse de Londres était en hausse de 0,56% à 482,50 pence mardi vers 10H25 GMT.
⤵ Clameur
"Ces résultats meilleurs que prévu et les liquidités supplémentaires versées aux actionnaires ne feront qu'ajouter à la clameur croissante pour un impôt sur les bénéfices exceptionnels prolongés", selon Russ Mould, analyste d'AJ Bell.D'autant que les majors pétrolières Shell, concurrent de BP, la française TotalEnergies ou encore les américaines ExxonMobil et Chevron ont toutes dégagé des bénéfices très conséquents pour la période.
Londres avait annoncé en mai une taxe temporaire de 25% sur les bénéfices du secteur de l'énergie, pour aider en partie à financer les aides gouvernementales aux ménages les plus modestes.
BP a indiqué mardi que cette mesure pèsera dans ces comptes à hauteur de 800 millions de dollars cette année, sur un total d'environ 2,5 milliards de dollars d'impôts pour ses activités en mer du Nord au Royaume-Uni.
Cette taxe a pourtant été très critiquée comme largement insuffisante car elle peut être fortement réduite par une augmentation des investissements dans la production d'hydrocarbures.
Elle "ne résoudra pas la crise du coût de la vie, n'assurera pas la sécurité énergétique et ne fera qu'aggraver l'urgence climatique", a ainsi à nouveau dénoncé mardi Greenpeace UK dans un communiqué.
"Un niveau approprié de taxation de BP et des autres majors pétrolières pourrait contribuer aux coûts de la crise énergétique, à l'adaptation aux impacts climatiques et à l'investissement" dans les énergies renouvelables, a ajouté l'ONG.
"Les résultats de ce trimestre montrent que nous continuons à afficher une bonne performance tout en nous transformant", a fait valoir le directeur général de BP Bernard Looney, cité dans le communiqué du groupe.
"Nous fournissons le pétrole et le gaz dont le monde a besoin aujourd'hui - tout en investissant pour accélérer la transition énergétique", a-t-il fait valoir.
BP met en avant le rachat mi-octobre pour 4,1 milliards de dollars du producteur américain de gaz "renouvelable" Archaea Energy, produisant du méthane à partir de déchets.
Ce "biogaz" nécessite moins d'énergie et est donc moins polluant à la production, mais il émet toutefois du CO2 lorsqu'il est consumé.
Pour les neuf premiers mois de l'année, BP affiche une perte nette de 13,3 milliards de dollars, le groupe ayant passé au premier trimestre une charge après-impôts de 24,4 milliards de dollars à la suite de sa sortie du russe Rosneft, en conséquence de l'invasion russe de l'Ukraine.
(c) AFP