Le brut s'approche de ses sommets de l'année à New York
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en mai a terminé à 106,72 dollars, en hausse de 2,45 dollars par rapport à la veille.
Il est monté en séance à 106,83 dollars, frôlant son sommet du 7 mars dernier (106,95 dollars), le plus haut niveau atteint par les cours depuis septembre 2008.
A Londres, sur l'IntercontinentalExchange, le baril de brut de la mer du Nord à échéance identique a gagné 2,23 dollars à 117,36 dollars.
Sur l'ensemble du premier trimestre, les cours se sont envolés de près de 17% à New York, de près de 24% à Londres.
"Quand les forces de l'Otan ont commencé à bombarder, les gens se sont dit que cela allait aider à résoudre la situation: on avait des informations disant que les rebelles avaient pris deux ports importants pour pouvoir exporter du pétrole", a expliqué Rich Ilczyszyn, de Lind Waldock.
Mais "ces rebelles ont été repoussés par les forces de Kadhafi. L'idée qui s'impose, c'est que cela va prendre bien plus longtemps que ce que l'on imaginait. Cela tourne à la guerre civile", a-t-il poursuivi.
Selon l'analyste, la hausse des cours s'est accélérée en réaction à des informations indiquant que la CIA avait déployé des agents pour prendre contact avec la rébellion et guider les raids aériens.
Le marché pétrolier surveillait notamment des affrontements qui avaient lieu autour du terminal pétrolier de Brega (800 km à l'est de Tripoli).
Mercredi, les forces du colonel Kadhafi avaient repris le port pétrolier de Ras Lanouf.
"Les rebelles ne parviennent pas à conserver du territoire sans le soutien des forces extérieures", a estimé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.
"La crainte, c'est que la production pétrolière reste interrompue pendant longtemps et que les troubles actuels ne débouchent sur une impasse, ou une nouvelle escalade militaire", a-t-il poursuivi.
Les exportations d'or noir du pays, qui s'élevaient avant le début des troubles à 1,3 million de barils par jour, sont quasiment à l'arrêt.
Les rebelles avaient annoncé dimanche qu'ils pourraient exporter du brut pompé dans les champs situés dans les régions qu'ils contrôlent dans la semaine, mais les analystes restaient sceptiques vu le rapport de force actuel.
"Il y a un certain nombre d'obstacles à surmonter. Qui possède le pétrole? Quelle compagnie pétrolière veut acheter ce pétrole? A qui envoyer l'argent? Quels cargos pétroliers vont vouloir accoster les ports malgré la violence?", a noté Andy Lipow.
Autre inquiétude pour les opérateurs du marché pétrolier, selon M. Ilczyszyn: "On entre en période électorale au Nigeria, et si on regarde ce qui s'est passé il y a quelques années, il y a eu beaucoup de violence".
L'élection présidentielle aura lieu au Nigeria le 9 avril, après les législatives le 2 avril et une semaine avant l'élection des gouverneurs et des assemblées locales.
Les infrastructures pétrolières ont été régulièrement prises pour cible par les rebelles dans ce pays, l'un des principaux producteurs d'or noir du continent africain. Son brut est actuellement particulièrement recherché parce que sa composition est proche de celle du pétrole pompé en Libye, léger et à faible teneur en soufre.
rp
(AWP/01 avril 2011 06h20)