Avant sa réunion, l'Opep peine à rassurer les marchés
"Nous sommes en faveur d'une extension de l'accord", a affirmé le ministre koweïtien du pétrole, Essam al-Marzouk, à son arrivée dans la capitale autrichienne, tout en relevant que la durée de la prolongation était encore sujette à débat.
Son homologue équatorien, Carlos Pérez, a pour sa part estimé que l'accord, qui doit jusqu'à nouvel ordre prendre fin en mars 2018, durerait "pour la plus grande partie de l'année".
L'avenir des baisses de production devrait être décidé jeudi, mais une réunion technique du Comité de surveillance de l'accord, qui donnera une recommandation à l'OPEP, pourrait éclairer les marchés dès mercredi.
Tensions géopolitiques
Son application depuis début 2017 a participé à une baisse des réserves mondiales et a fait remonter les prix. Les participants, qui avaient déjà étendu au printemps la durée de l'accord jusqu'à mars 2018, doivent désormais discuter de son futur.
"L'OPEP n'a pas très bien géré les attentes du marché et nous nous attendons donc à un renouvellement jusqu'à fin 2018", a estimé pour l'AFP Joel Hancock, analyste spécialiste du pétrole chez Natixis.
Dans ce contexte d'incertitude sur la durée d'une prolongation, les cours du pétrole baissaient mardi en fin d'échanges européens. Vers 17H00 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier perdait ainsi 43 cents à Londres, à 63,41 dollars.
Entre les pays du cartel, les tensions sont élevées. Le prince héritier saoudien a ainsi qualifié fin novembre le Guide suprême iranien de "nouveau Hitler" et le Qatar est toujours soumis à un blocus de ses voisins arabes.
"Dans le passé, quand l'Irak a envahi le Koweït, ou pendant la guerre entre l'Irak et l'Iran, les rivalités étaient politiques et même militaires. Ces pays parvenaient tout de même à travailler dans le cadre de l'OPEP", a rappelé Richard Mallinson, analyste géopolitique pour Energy Aspects.
Et l'arrivée au pouvoir en Arabie saoudite en juin du fils du roi Salmane, Mohammed ben Salmane, pourrait jouer en faveur de l'accord.
"Son plan de réforme de l'Etat aura plus de chance de réussite avec un baril de Brent à 60 dollars", ont estimé les analystes de RBC.
L'enjeu russe
Alors que les pays de l'OPEP rencontreront dans la foulée jeudi leurs partenaires extérieurs au cartel, certains analystes redoutent un désistement de la Russie, dont les entreprises craignent de perdre des parts de marché en limitant leurs extractions.
La production quotidienne russe, de 11,3 millions de barils de brut en octobre a dépassé les 10 millions de barils produits par l'Arabie saoudite, selon l'Agence internationale de l'énergie.
"Les entreprises peuvent grogner, mais au final, si elles veulent réussir en Russie, elles ne peuvent pas se permettre de trop s'éloigner de la ligne du gouvernement", estime cependant Richard Mallinson.
Or le président Vladimir Poutine, qui a renforcé la présence militaire de son pays en Syrie et a reçu pour la première fois le roi saoudien à Moscou, cherche à renforcer sa présence dans la région.
"En entrant dans le jeu de l'OPEP, la Russie a une position excellente dans la région. Si elle sortait du rang et dépassait ses objectifs de production, elle perdrait en crédibilité au Moyen-Orient", a expliqué Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB.
Pour la Russie comme pour l'OPEP, il s'agit également de faire face aux Etats-Unis. Dopées par les gisements de pétrole non conventionnel, les extractions américaines ont atteint en novembre leur plus haut niveau hebdomadaire depuis 1983 et le début de la compilation de ces données.
"Il s'agit désormais (pour l'OPEP et ses partenaires, ndlr) de privilégier le prix sur la quantité. Les participants à l'accord savent que l'année prochaine sera riche en pétrole, s'ils ne contrôlent pas leur production en 2018, les réserves mondiales vont à nouveau grimper", prévient M. Schieldrop.
(c) AFP