Pétrole: l'Opep va tenter de s'accorder sur une limitation de production
Ce serait la première fois depuis 8 ans que le cartel parviendrait à s'entendre pour diminuer sa production.
Depuis plusieurs semaines, les tractations entre les 14 membres pour mettre en place des quotas par pays vont bon train pour aboutir à cet accord, réclamé à cor et à cris par les pays les plus dépendants de la manne pétrolière (Nigeria, Venezuela...), mais compromis par les fortes rivalités entre l'Iran et l'Arabie saoudite, et la situation précaire de certains producteurs en guerre (Irak, Libye).
Tombés en début d'année à 26-27 dollars le baril, les prix du pétrole ont amorcé depuis une spectaculaire remontée, alimentée par des interruptions de production et les espoirs d'une entente internationale sur les niveaux de production. Ils oscillent depuis mi-août entre 42 et 53 dollars le baril en moyenne.
Un nombre croissant d'analystes pétroliers semble s'accorder sur le fait que l'OPEP sera en mesure de s'entendre sur une certaine forme d'accord avec la Russie pour résorber la production de brut, a commenté Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com.
Le ministre algérien de l'Energie Noureddine Boutarfa et son homologue vénézuélien Eulogio del Pinose étaient attendus lundi à Moscou pour tenter de convaincre la Russie d'abaisser sa production de 600.000 barils par jour, soit plus que les 500.000 barils par jour de baisse proposés jusqu'ici par le cartel à Moscou.
Reste à savoir si une telle mesure peut encore être efficace, alors que l'OPEP a pompé plus de brut que jamais en octobre - 33,64 mbj -, que la production russe a beaucoup augmenté ces dernières années pour atteindre plus de 11 mbj, et que plusieurs membres de l'OPEP demandent à être exemptés de mesure contraignant leur offre.
- 4 à 4,5% ?
L'impact de toute décision de l'OPEP sur les prix moyens de 2017 est considérablement surévalué dans la mesure où toute réduction potentielle de la production ne constituerait qu'une partie relativement faible du puzzle mondial de l'offre et de la demande, avec des facteurs de contrepoids tels que le pétrole de schiste américain, ont commenté les analystes de JBC Energy.
Un moyen évident de préparer les marchés à un éventuel échec des négociations, rapportait Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB.
Le ministre irakien du Pétrole Jabbar al-Louaïbi s'est quant à lui déclaré optimiste à son arrivée à Vienne. Nous espérons trouver un accord mercredi, a-t-il dit. L'Irak est le deuxième producteur du groupe.
Si l'Irak a dit cela, c'est un gros risque en moins et c'est donc encourageant, a commenté l'analyste James Williams, de WTRG Economics, rappelant que l'Irak et l'Iran représentaient les freins les plus notables à un accord.
L'Iran semble moins enclin au compromis. Selon le Financial Times lundi, l'Arabie saoudite lui aurait proposé de geler sa production à 3,8 millions de barils par jour (en échange d'une baisse de 4,5% de sa propre production, à environ 10,5 mbj).
Ceci alors que Téhéran, habitué de longue date à évoluer au sein d'un marché déprimé en raison des sanctions occidentales qui ont pesé sur le pays de 2012 à 2015, se refuse à baisser son offre.
(c) AFP