Eni affiche des profits record en 2022, dopés par l'or noir
Malgré un quatrième trimestre en berne, le géant italien des hydrocarbures a ainsi plus que doublé ses profits par rapport à 2021, déjà une année faste.
Ce résultat annuel, publié jeudi, est cependant légèrement inférieur au consensus des analystes de Factset Estimates, qui tablait sur un bénéfice de 14,02 milliards d'euros.
Le nouveau plan stratégique 2023-2026 d'Eni, présenté par son PDG Claudio Descalzi, fixe un objectif plus modéré pour cette année, un Ebit de 13 milliards d'euros.
Fort de ces bénéfices, M. Descalzi a annoncé une hausse de 7% du dividende pour 2023 à 0,94 euro par action et un rachat d'actions de 2,2 milliards d'euros.
Les profits d'Eni surviennent en plein débat mondial sur les bénéfices record des majors pétrolières, dégagés en pleine urgence climatique et crise du pouvoir d'achat des ménages.
Le groupe a dû débourser en fin d'année 0,7 milliard d'euros dans le cadre de la taxation des "surprofits" des géants énergétiques instaurée par l'Italie pour soutenir familles et entreprises face à l'envolée des prix.
Cet impôt de solidarité a pesé sur le bénéfice net du quatrième trimestre, qui a chuté de 84% à 550 millions d'euros, restant nettement en dessous des attentes des analystes.
Le bénéfice net ajusté du trimestre a cependant bondi de 47% à 2,5 milliards d'euros.
⤵ Chute du titre
"L'essentiel de ces bénéfices ira sous forme de dividendes et de rachats d'actions au profit des actionnaires" au lieu "d'investir dans un virage sérieux vers la décarbonation", ont protesté dans un communiqué Greenpeace Italie et l'ONG ReCommon.Eni a confirmé jeudi son objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 35% d'ici 2030 par rapport à 2018 et de 80% jusqu'à 2040, avant d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.
Le groupe a profité l'an dernier, à l'instar de l'ensemble des groupes pétroliers, de l'envolée des cours des hydrocarbures qui s'est cependant tassée au dernier trimestre.
Le prix du baril de Brent BRENT Le Brent ou brut de mer du nord, est une variation de pétrole brut faisant office de référence en Europe, coté sur l'InterContinentalExchange (ICE), place boursière spécialisée dans le négoce de l'énergie. Il est devenu le premier standard international pour la fixation des prix du pétrole. de la mer du Nord s'est élevé à 101,19 dollars en moyenne en 2022, en hausse de 43%.
Les concurrents d'Eni ont affiché, eux aussi, des bénéfices insolents en 2022.
L'américain ExxonMobil a ainsi dégagé un profit record de 55,7 milliards de dollars, le britannique Shell a aligné 42,3 milliards de dollars, suivi de l'américain Chevron avec 35,5 milliards de dollars et du français TotalEnergies avec 20,5 milliards de dollars.
Ces résultats n'ont cependant pas convaincu les investisseurs: à la Bourse de Milan, le titre Eni a chuté de 5,36%, à 13,35 euros à la clôture, dans un marché en hausse de 0,65%.
⤵ Fin du gaz russe
Eni a "contribué à la stabilité de l'approvisionnement énergétique de l'Italie et de l'Europe" en diversifiant les fournisseurs de gaz, a souligné M. Descalzi."Au cours de l'année, nous avons été en mesure de finaliser des accords et des activités visant à remplacer totalement le gaz russe d'ici 2025", a-t-il assuré.
Parmi les pays qui ont augmenté leurs livraisons de gaz à l'Italie, il a cité l'Algérie, l'Egypte, le Mozambique, le Congo et le Qatar.
Dans le cadre de son nouveau plan stratégique, Eni prévoit de porter la part du gaz dans sa production à 60% d'ici 2030, contre environ 50% actuellement.
"Le gaz est le seul hydrocarbure qui peut accompagner la transition énergétique", a fait valoir M. Descalzi.
Le géant italien compte également investir 37 milliards d'euros sur la période 2023-2026, dont 9,5 milliards cette année.
Le chiffre d'affaires d'Eni a bondi de 73% à 132,2 milliards d'euros en 2022, un résultat nettement supérieur aux attentes des analystes.
Seul bémol, la production d'hydrocarbures d'Eni a baissé de 4% à 1,61 million de barils par jour.
(c) AFP