La pression monte sur l'Opep+ pour faire baisser les prix du pétrole
"J'espère vraiment que, lors de leurs prochaines réunions, (...) ils prendront les mesures nécessaires pour rassurer le marché pétrolier et aider les prix à revenir à des niveaux raisonnables", a déclaré Fatih Birol, directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), lors d'une conférence de presse.
Depuis plusieurs années, les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), Arabie saoudite en tête, et leurs dix alliés menés par la Russie limitent leur production afin de soutenir les cours via l'accord OPEP+.
Le cours du baril, qui était tombé sous les 20 dollars au plus fort de l'épidémie, n'a en effet cessé depuis de grimper, jusqu'à retrouver le niveau de ses pics de fin 2018. Il évolue aujourd'hui autour de 80 dollars.
Cela se traduit dans de nombreux pays par une flambée des prix à la pompe.
"Fardeau pour les consommateurs"
"C'est entièrement leur décision, mais les pays de l'OPEP+ font partie d'une économie mondiale et je pense que chacun d'entre nous aimerait voir une reprise économique équilibrée. Et je sais que les pays producteurs ont le souci des pays émergents en développement", a ajouté M. Birol.Le chef de l'AIE a par ailleurs "pris note" de la décision des États-Unis et d'autres pays dont la Chine de puiser dans leurs réserves stratégiques d'or noir pour tenter de faire baisser les prix.
Le président américain Joe Biden a annoncé mardi cette "initiative majeure": mettre en circulation 50 millions de barils prélevés sur les réserves stratégiques de Washington, la plus importante quantité jamais puisée.
Les États-Unis ont fait savoir que la Chine se joignait à cette initiative, tout comme l'Inde, le Japon, la Corée du Sud ou encore le Royaume-Uni, mais sans guère donner de détails. Pékin a confirmé mercredi, sans donner de volume ni de date.
"Nous reconnaissons que la hausse des prix place un fardeau sur les épaules des consommateurs dans ces pays, mais aussi dans plusieurs pays émergents", a dit M. Birol, affirmant que cela mettait "une pression supplémentaire sur l'inflation dans une période de reprise économique encore inégale et sujette à un certain nombre de risques".
Pas une "réponse collective"
Il a affirmé comprendre les raisons de cette décision, mais précisé que ce n'était en aucun cas "une réponse collective de l'AIE", qui représente une quarantaine de pays.Une telle réponse collective n'est envisagée qu'en cas de "disruption majeure de l'offre de pétrole", a-t-il ajouté, rappelant que cela avait été le cas trois fois au cours des trois dernières décennies: avant la première guerre du Golfe en 1991, après le passage de l'ouragan Katrina dans le Golfe du Mexique en 2005, et au moment de la guerre civile en Libye en 2011.
La patron de l'AIE a aussi évoqué les prix du gaz qui ont explosé en Europe, appelant son fournisseur principal, la Russie et particulièrement Gazprom, à ouvrir les vannes: Moscou peut "facilement augmenter ses exportations de gaz vers l'Europe de 15% (...) et soulager ainsi significativement le marché".
La hausse globale des prix de l'énergie n'est pas liée, comme certains pourraient le penser, aux efforts pour promouvoir les énergies propres, a-t-il encore dit, appelant à renforcer ces efforts.
L'AIE invoque plutôt la combinaison notamment de la reprise économique, des "événements climatiques comme les sécheresses", mais aussi la "position de fournisseurs majeurs": "Il y a assez de gaz et assez de pétrole mais ils ne trouvent pas les consommateurs" car "certains pays ne se sont pas montrés très utiles" dans le contexte d'inflation actuel.
(c) AFP