Dopé par la hausse de l'or noir, ExxonMobil gagne 23 milliards de dollars
L'entreprise, qui avait enregistré en 2020 la première perte annuelle de son histoire récente, a vu son chiffre d'affaires augmenter de 57% l'an dernier pour atteindre 285,6 milliards de dollars.
Le secteur avait été touché de plein fouet par l'effondrement de la consommation de brut au début de la propagation du Covid-19, entre la paralysie temporaire de l'activité de nombreuses entreprises et la réduction drastique des déplacements en voiture et en avion.
Les marges des divisions raffinage et produits chimiques se sont aussi améliorées.
Profitant de la même dynamique, Chevron a annoncé vendredi avoir dégagé 15,6 milliards de dollars de bénéfices l'an dernier.
"Notre réponse efficace à la pandémie, nos investissements ciblés pendant le cycle baissier et nos économies de coûts structurels nous ont permis de tirer pleinement parti de la reprise du marché en 2021", a relevé Darren Woods, le PDG de l'entreprise, lors d'une conférence téléphonique.
ExxonMobil n'a pas utilisé l'afflux de cash pour investir à tout va dans de nouveaux projets: ses dépenses d'investissements, de 16,6 milliards de dollars, étaient au bas de la fourchette prévue.
Elles devraient augmenter cette année, entre 21 et 24 milliards, mais restent encore bien loin des 30 à 35 milliards que le groupe prévoyait de dépenser par an avant la pandémie.
"La plupart des producteurs d'énergie cotés en Bourse hésitent à investir beaucoup plus vu la forte volatilité des dernières années, la demande pressante d'actionnaires qui veulent plus de retours et les incertitudes quant aux politiques publiques, notamment sur l'environnement", a souligné Peter McNally du fonds d'investissement Third Bridge.
Déménagement à Houston
La major a plutôt réduit sa dette de 20 milliards de dollars afin de la ramener à son niveau d'avant la pandémie, et a engagé le programme de rachat d'actions de 10 milliards de dollars annoncé en octobre.ExxonMobil a aussi continué vers son objectif de réduire ses dépenses structurelles annuelles de 6 milliards de dollars entre 2019 et 2023.
Résultat: le prix de revient du baril est tombé en 2021 à 41 dollars, soit 30 dollars en dessous de la moyenne du prix du brent coté à Londres.
Pour réduire encore ses dépenses, ExxonMobil a annoncé lundi une vaste restructuration passant par la fusion des filiales de raffinage et de produits chimiques et la centralisation des services de technologie et d'ingénierie.
Le groupe va aussi déménager d'ici mi-2023 son siège de Irving, au Texas, à Houston, dans le même Etat. Ces changements ne devraient pas s'accompagner de suppressions de postes.
L'entreprise sera désormais organisée en trois pôles: l'exploration et la production de pétrole et de gaz, le raffinage et les produits chimiques, et les solutions à bas carbone.
Sous la pression de ses actionnaires, ExxonMobil s'est engagé ces derniers mois à réduire davantage ses émissions, promettant par exemple la neutralité carbone de ses opérations d'ici 2050.
Les défenseurs de l'environnement restent toutefois réservés face aux efforts de l'entreprise, qui ne visent pas les émissions provenant du pétrole et du gaz, par exemple l'essence consommée dans les voitures.
Les initiatives de l'entreprise misent surtout sur la capture du carbone, l'hydrogène et les biocarburants et non sur les énergies renouvelables ou la réduction de sa production d'hydrocarbures.
Au seul quatrième trimestre, le groupe a dégagé un bénéfice net de 8,9 milliards de dollars.
En produisant l'équivalent de 3,8 millions de barils par jour, ExxonMobil a vu son chiffre d'affaires bondir de 82% à 84,97 milliards de dollars. Celui-ci était un peu inférieur aux attentes mais le bénéfice rapporté par action et hors éléments exceptionnels, la référence à Wall Street, a dépassé les prévisions.
L'action grimpait de plus de 5% dans les premiers échanges de la séance.
(c) Afp