Le géant pétrolier ExxonMobil face à une perte colossale en 2020
La société, née en 1999 de la fusion d'Exxon et de Mobil, a perdu 22,4 milliards de dollars (environ 18,6 milliards d'euros) pour l'ensemble de l'année alors qu'elle avait engrangé 14,3 milliards de dollars en 2019.
Le secteur a été touché de plein fouet par l'effondrement de la consommation de brut au début de la pandémie, quand les mesures de restriction ont paralysé temporairement l'activité de nombreuses entreprises et réduit drastiquement les déplacements en voiture et en avion.
Selon le Wall Street Journal, ExxonMobil et Chevron ont même brièvement évoqué l'an passé la possibilité de fusionner.
Le chiffre d'affaires d'ExxonMobil a diminué de 31% en 2020 à 181,5 milliards de dollars.
L'entreprise a du coup cherché à couper dans ses dépenses, en abandonnant notamment des projets jugés moins stratégiques, dont des programmes d'exploitation de gaz aux États-Unis, dans l'ouest du Canada et en Argentine.
Cette décision s'est traduite par une charge de 19,3 milliards de dollars dans les comptes du quatrième trimestre.
Résultat: sur le seul quatrième trimestre, sa perte nette s'élève à 20,1 milliards de dollars.
Une fois exclus ces différents éléments exceptionnels, ExxonMobil a été rentable sur la période: le bénéfice par action ressort à 0,03 dollar, soit mieux que prévu. A Wall Street, l'action montait de 2% dans les premiers échanges de la séance.
"L'année qui vient de s'écouler a présenté les conditions de marché les plus difficiles qu'ExxonMobil ait jamais connues", a déclaré le PDG Darren W. Woods.
Mais grâce aux économies structurelles que l'entreprise entend mener, le groupe "en ressortira plus fort", a-t-il assuré.
ExxonMobil a déjà réduit ses coûts structurels de 3 milliards de dollars en 2020 et prévoit d'en économiser 3 milliards supplémentaires d'ici 2023.
Sous la pression d'actionnaires inquiets de l'impact du changement climatique sur la rentabilité de l'entreprise, ExxonMobil a fait savoir lundi qu'il créait un pôle d'activités consacré aux énergies moins polluantes, ExxonMobil Low Carbon Solutions.
Il compte investir au total 3 milliards de dollars d'ici 2025 dans des solutions énergétiques émettant moins d'émissions.
La nouvelle filiale sera principalement dédiée dans un premier temps à des projets de capture et de stockage de carbone répartis un peu partout dans le monde.
Négociant le tournant des impératifs du changement climatique, ExxonMobil avait déjà annoncé au quatrième trimestre son intention de diminuer de 15% à 20% des émissions de ses activités d'exploration et d'exploitation du pétrole d'ici 2025 par rapport à 2016.
La majore pétrolière est notamment mise au défi, par la société d'investissement Engine No.1, d'envisager plus sérieusement les énergies alternatives aux hydrocarbures.
ExxonMobil avait confirmé la semaine dernière avoir engagé en décembre des discussions avec Engine No.1, qui a proposé la nomination de quatre nouveaux membres au conseil d'administration.
Elles n'ont visiblement pas abouti pour l'instant.
Le groupe a seulement annoncé mardi la nomination à son conseil d'administration de Tan Sri Wan Zulkiflee Wan Ariffin, directeur général de la compagnie publique de pétrole et de gaz malaisienne Petronas entre 2015 et 2020.
Mais ExxonMobil assure continuer les discussions avec d'autres candidats et s'attend à prendre de nouvelles mesures "à court terme".
Le groupe met en avant le fait que Petronas a, sous la houlette de M. Wan Zulkiflee, augmenté ses investissements dans les technologies à faibles émissions.
La société, qui a racheté en 2020 pour 305 millions de dollars de ses propres actions, a indiqué interrompre ce programme au premier trimestre en raison de l'incertitude et de la volatilité du marché boursier actuellement.
Il prévoit bien en revanche de continuer à verser des dividendes à ses actionnaires.
(c) AFP