"Gilets jaunes": blocage levé à Brest, maintenu à Lorient et carburants plus rares
Au dépôt pétrolier de Lorient, bloqué depuis mardi dernier par des indépendants des travaux publics en soutien aux "gilets jaunes", les manifestants ont choisi de rester "intransigeants" en campant sur leur unique revendication: ils demandent le maintien du "gazole non routier" (GNR) pour les professionnels.
"On ne bouge pas pour le moment, on veut la suppression de l'article 19 concernant le gazole non routier" et non la simple suspension pour six mois, a déclaré à l'AFP Norbert Guillou, un des organisateurs du mouvement.
Au dépôt pétrolier de Brest, également bloqué depuis sept jours par des indépendants des travaux publics en gilets oranges, la revendication reste la même mais les manifestants ont salué "l'effort de l'État". "On juge satisfaisant le moratoire de six mois", a expliqué Julien Camblan, artisan-terrassier, en se disant prêt à "revenir" au bout de six mois si le tarif réduit du GNR est supprimé.
Conséquence : mardi matin, la pénurie des carburants commençait à gagner du terrain, notamment dans le Morbihan, après avoir démarré lundi dans le Finistère.
"Il n'y a pas d'arrêté de restriction pour le moment" mais "des stations-service sont en rupture" de carburant : une situation "principalement due à une surconsommation irrationnelle de carburant à la pompe", selon la préfecture qui appelle au "civisme et à la responsabilité de tous".
"Ne vous rendez aux stations-service qu'en cas de réel besoin (...) Ne faites pas de réserves de confort/précaution", écrit la préfecture dans un communiqué qui recense au moins une quinzaine de stations fermées.
À Lorient, le tribunal de commerce devait examiner "des assignations de transporteurs" impliqués dans le blocage, selon une procédure en référé.
Files d'attentes interminables
Mais en Normandie et dans le Sud-Est, la situation s'aggravait aussi.
Dans l'Orne, plusieurs stations-service étaient fermées pour rupture de carburant, a constaté un journaliste de l'AFP. Certaines étaient en rupture de gazole tandis qu'ailleurs, les automobilistes devaient faire face à des files d'attente interminables.
Dans le Var, la gendarmerie est intervenue à 05H30 pour débloquer le dépôt pétrolier de Puget-sur-Argens, bloqué depuis 24 heures par les "gilets jaunes". L'évacuation s'est faite sans heurts selon la gendarmerie.
"Le barrage était conséquent et dangereux, avec des clous, des pneus, des carburants. Une trentaine de +gilets jaunes+ venus se relayer devant le dépôt ont été disséminés", a précisé à l'AFP un officier de gendarmerie.
Des pénuries se font sentir aussi chroniquement depuis une quinzaine de jours sur le Gard et l'Hérault, ont constaté des journalistes de l'AFP. Certaines stations sont fermées suite aux blocages récurrents des dépôts de Frontignan et Port-La Nouvelle et à la tendance de certains automobilistes à vouloir constituer des "stocks" en cas de poursuite et durcissement du mouvement des gilets jaunes.
Par ailleurs des manques chroniques de certains produits et des rayons vides sont également visibles dans les supermarchés de ces deux départements suite aux blocages de plate-formes logistiques de grands groupes comme Carrefour ou Auchan.
À la station Total Garigliano à Nice, un employé a confirmé une pénurie de gazole normal faisant suite au blocage du dépôt varois, de même qu'à Marseille où plusieurs stations-service étaient fermées par manque de carburants.
En Loire-Atlantique, les "gilets jaunes" menaient des opérations de barrages filtrants notamment à Saint-Nazaire, à proximité du port et Donges, près de la raffinerie Total. Des rassemblements étaient organisés dans le département, notamment à Nantes.
Sur un barrage filtrant près de Nantes, les avis étaient partagés sur les annonces de Matignon. Joël Diot, brocanteur, soulignait une "avancée", "une ouverture" du Premier ministre, tandis que Sandy Mehat, jeune vendeuse, jugeait "très décevante" son intervention. Et appelait à manifester samedi prochain, "avec le moins de casse possible".
(c) AFP