Pétrole: Total va racheter Maersk Oil pour 7,45 milliards de dollars
"L'intégration des activités de Maersk Oil fera de Total le second opérateur en mer du Nord, bénéficiant de positions majeures au Royaume-Uni, en Norvège et au Danemark", a souligné Patrick Pouyanné, président-directeur général de Total, dans un communiqué publié lundi matin.
Le groupe français, déjà présent dans la région depuis les années 60, va en effet y devenir le deuxième opérateur derrière le norvégien Statoil avec plus de 500.000 barils de pétrole par jour.
Le rachat, en actions et en dette, se fera auprès du groupe danois A.P. Møller-Mærsk, qui cherche à se recentrer sur le transport et la logistique en se débarrassant de ses actifs dans l'énergie. Les conseils d'administration des deux entreprises ont approuvé l'opération.
Dans le détail, Total apportera 4,95 milliards de dollars de ses propres actions à A.P. Møller-Mærsk et reprendra à son compte 2,5 milliards de dollars de dette de Maersk Oil, soit un transaction à 7,45 milliards de dollars (6,3 milliards d'euros).
A.P. Møller-Mærsk recevra ainsi des actions représentant environ 3,75% du capital de Total, qui a par ailleurs proposé un siège à son conseil d'administration à la holding qui contrôle la société danoise.
La présidente d'A.P. Moller-Maersk a parlé d'une décision "difficile" à prendre, mais "juste". "A.P. Moller-Mærsk a trouvé un propriétaire dévoué de l'industrie avec un intérêt sincère de développer et d'investir dans les actifs et les capacités créées dans le cadre de Maersk Oil, tout en préservant le patrimoine de la principale compagnie pétrolière du Danemark", a réagi Mme Ane Maersk Mc-Kinney Uggla, dans un communiqué.
La finalisation est attendue au premier trimestre 2018.
La Bourse de Paris a réagi avec prudence dans un premier temps: l'action Total perdait 0,63% à 42,38euros lundi matin vers 08H50 GMT, dans un marché en recul de 0,54%. A la Bourse de Copenhague, l'action Maersk prenait près de 4%.
Le groupe a adopté un programme d'économies pour faire face à cette faiblesse des cours qui dure depuis trois ans, mais avait prévenu récemment qu'il était prêt à des acquisitions.
"Je suis convaincu que la bonne stratégie d'un groupe pétrolier est d'être contracyclique", a expliqué Patrick Pouyanné à des journalistes lors d'une conférence téléphonique. Il s'agit de lancer des projets et d'acheter des actifs quand leurs prix sont bas afin d'en profiter ensuite lorsque les cours remontent.
Pour Total, bien implanté au Moyen-Orient et en Afrique, c'est aussi une façon de limiter les risques après d'autres opérations plus osées, comme l'accord gazier signé avec l'Iran début juillet.
"C'est une acquisition qui nous permet de rééquilibrer le risque géopolitique de notre portefeuille", a souligné Patrick Pouyanné.
Total a désormais l'intention de faire du Danemark l'un de ses deux grands centres (avec Aberdeen en Ecosse) pour superviser son activité d'exploration-production en mer du Nord.
En terme d'intégration des équipes, Total veut s'inspirer de ce qui avait été réalisé dans les activités de raffinage-chimie avec l'absorption de PetroFina en Belgique à la fin des années 1990.
(c) AFP