ExxonMobil et Chevron en route vers leur meilleure année depuis 2014
Leurs profits ont augmenté à une vitesse effrénée dans le sillage du rebond des prix du baril du pétrole, qui s'est vendu en moyenne à 48,16 dollars à New York lors des trois derniers mois, en hausse de 6,7% sur un an.
Ils ont flambé d'environ 50% au troisième trimestre, ExxonMobil enregistrant un bénéfice net de 3,97 milliard de dollars et Chevron un gain de 1,95 milliard.
"La trésorerie se trouve à un tournant positif, avec la production de pétrole et de gaz qui augmente et les investissements qui baissent", a déclaré John Watson, le PDG de Chevron qui doit prochainement quitter ses fonctions.
La hausse des prix de l'or noir est alimentée par la décision fin 2016 de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et d'autres pays partenaires, dont la Russie, de réduire leurs extractions pour limiter l'offre sur le marché mondial.
Le cartel et ses partenaires se réuniront à nouveau le 30 novembre à Vienne pour évoquer une prolongation de l'accord au-delà de mars 2018, une décision qui semble de plus en plus probable.
Au vu de ces vents favorables, les analystes de Factset estiment que les cinq plus grosses majors pétrolières occidentales - Exxon, Chevron, Total, BP et Royal Dutch Shell -- devraient gagner plus de 50 milliards de dollars de bénéfices en 2017. Ce sont leurs meilleurs profits combinés depuis 2014, année où le baril du pétrole s'est vendu pour la dernière au-dessus du seuil de 110 dollars.
Convaincre les marchés
Outre le prix du baril, la rentabilité des majors est essentiellement nourrie par la chasse aux coûts et un virage vers le raffinage marqué par le renoncement aux méga-projets dans l'exploration de nouveaux gisements d'hydrocarbures pour des projets moins ambitieux et moins coûteux.
Les géants pétroliers limitent en outre désormais le recours aux sous-traitants et demandent aux sociétés de services pétroliers comme Schlumberger, Halliburton et Baker Hughes, filiale de General Electric, de brader les prix de leurs technologies utilisées dans le forage de puits pétroliers.
Il y a également l'arrivée aux commandes d'une nouvelle génération de dirigeants, qualifiés de "gestionnaires".
Ils ont en commun d'avoir fait leurs armes dans le raffinage, qui comprend les stations-services. C'est le cas de Darren Woods, qui a succédé à Rex Tillerson chez ExxonMobil, et de Michael Wirth qui prendra ses fonctions le 1er février chez Chevron. Ce dernier a notamment été vice-président exécutif de la division en charge des activités de raffinage et de la production de produits chimiques.
Total et Shell sont également dirigées par des anciens "raffineurs".
Traditionnellement, quand les prix du brut sont bas, les coûts de traitement sont allégés, ce qui profite aux raffineurs.
Au troisième trimestre, le bénéfice opérationnel de cette activité s'est envolé de 70,3% à 1,81 milliard de dollars chez Chevron, et constitue ainsi le gros des profits.
La production et l'exploration pétrolière ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes, même si elles montrent des signes de redressement, en affichant par exemple un bénéfice opérationnel de 1,80 milliard de dollars chez Exxon au troisième trimestre.
Cette activité a été longtemps la vache à lait des majors mais est devenue déficitaire lors des deux dernières années, en raison de l'effondrement des prix et des dépréciations d'actifs.
Il reste toutefois encore aux majors pétrolières à convaincre les marchés financiers de la pérennité de leurs bénéfices alors qu'elles ne disposent pas de contrats les couvrant contre l'instabilité des prix du brut.
Le titre Exxon a perdu plus de 8% depuis le début de l'année et celui de Chevron plus de 3% alors même que les indices boursiers américains alignent les records.
(c) AFP