Pétrole: le brut hésite dans un marché qui ne parvient pas à rebondir
Au lendemain d'une baisse de plus de 1,5 dollar, le cours du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en août a perdu 50 cents à 50,91 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), et reste à son plus bas niveau de clôture depuis environ trois mois.
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a pris 46 cents à 57,51 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).
A New York, les cours ont ouvert dans le vert puis se sont orientés en légère baisse pendant l'essentiel de la séance, avant de flancher plus nettement lors des dernières minutes d'échanges.
"C'était une de ces séances partagées entre bonnes et mauvaises nouvelles", a jugé Phil Flynn, de Price Futures Group, pour qui "des forces s'opposent sur le marché et le jugulent".
La séance de jeudi a fourni peu de nouvelles informations aux investisseurs, qui ont donc continué à digérer l'actualité des jours précédents.
"Parmi les éléments défavorables, on s'inquiète d'une hausse des taux d'intérêts américains, après des propos de Janet Yellen", présidente de la Réserve fédérale, qui a plaidé la veille en faveur d'une normalisation monétaire avant la fin de l'année, a précisé M. Flynn.
Non seulement la Fed retirerait un important soutien à l'économie américaine en relevant ses taux, actuellement presque nuls, ce qui provoquerait des craintes pour la demande d'or noir, mais une telle mesure renforcerait le dollar.
Or la force du billet vert, qui s'accentue jeudi à la suite des propos de Mme Yellen, rend plus coûteux et donc moins intéressants les échanges pétroliers, libellés en dollars.
"On continue aussi à se préoccuper de la surabondance de pétrole", a rapporté M. Flynn. "Aujourd'hui, Genscape", un cabinet d'analyses très suivi, "a fait état d'une hausse d'un million de barils (des réserves de brut) à Cushing."
Ce terminal, situé dans l'Oklahoma, est très suivi car il sert de référence aux cours du WTI.
FAILLITES
Toutefois, au sujet de l'offre américaine, les dernières nouvelles officielles en date sont plutôt encourageantes, au lendemain de l'annonce par le département de l'Energie (DoE) d'une nette baisse des réserves de pétrole brut aux Etats-Unis.
"Ce qui est positif, c'est aussi que les raffineries américaines fonctionnent à un niveau record", a souligné M. Flynn. "On évoque beaucoup la faiblesse de la demande et la surabondance, mais les raffineries ne semblent pas s'en soucier. Si la demande était si décevante, pourquoi les raffineries fonctionneraient-elles à 95% de leur capacité ?"
"On entend parler de la baisse de 4,3 millions de barils dans les réserves de brut et, sur le même plan, de l'utilisation sans précédent de 16,8 millions de barils par jour par les raffineries, mais dans l'ensemble, le marché reste bien approvisionné", ce qui limite la réaction positive du marché, a nuancé Tim Evans de Citi.
Signe de la pression persistante sur l'industrie américaine, l'un de ses acteurs, le groupe Sabine Oil & Gas, lié au vaste fonds First Reserve, a déposé mercredi son bilan. Il suit ainsi d'autres groupes, notamment le producteur de pétrole de schiste Quicksilver Resources, qui avait mis en mars ses activités aux Etats-Unis sous la protection de la loi américaine sur les faillites.
Sur le plan international, "l'effervescence retombe sur l'accord nucléaire iranien et ses implications pour le marché nucléaire l'an prochain", a rapporté Matt Smith, de ClipperData.
Annoncé en début de semaine, l'accord entre Téhéran et les grandes puissances ouvre la voie à une levée des sanctions et donc à une reprise des exportations iraniennes, même si la majorité des observateurs ne s'y attendent pas avant 2016.
Enfin, les cours du Brent ont plus particulièrement été soutenus par la fermeture non prévue du champs pétrolier "Buzzard" en mer du Nord, au large de l'Écosse, qui produit 170'000 à 180'000 barils par jour (b/j). Les opérations pourraient reprendre ce jeudi ou vendredi, selon le courtier PVM.
(c) AFP