scandale Petrobras: le président de la chambre des députés mis en cause
Je démens avec véhémence les mensonges du délateur et je le mets au défi de les prouver, a très rapidement réagi Eduardo Cunha, membre du Parti mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre) dans un communiqué diffusé par ses avocats.
Eduardo Camargo, l'un des suspects du gigantesque scandale Petrobras ayant passé un pacte de délation contre remise de peine avec les procureurs en charge de l'enquête, a formulé jeudi lors d'une nouvelle audition des accusations détaillées contre le quatrième personnage de l'Etat brésilien, dont le nom était déjà cité dans le cadre du scandale.
Cet ancien consultant pour des entreprises sous-traitantes de Petrobras a assuré qu'Eduardo Cunha, quand il était encore simple député, aurait exigé qu'il lui verse 5 millions de dollars ainsi qu'une somme équivalente à un autre suspect, Fernando Baiano, considéré comme l'intermédiaire du PMDB chez Petrobras, afin de couvrir des dépenses électorales.
L'opération aurait eu lieu en marge d'un contrat de location de navire-sonde par Petrobras et les pots-de-vin auraient été payés sur des comptes d'intermédiaires à l'étranger, avant d'être rapatriés au Brésil à travers des opérations de change frauduleuses, selon les détails de l'audition qui ont filtré dans la presse brésilienne.
A l'appui de son démenti, Eduardo Cunha souligne de son côté que son délateur ne l'avait jamais mis en cause lors de ses quatre premiers interrogatoires. Il attribue ce revirement à des pressions qu'il aurait subi de la part du Procureur général de l'Etat.
Agé de 57 ans, Eduardo Cunha est un évangélique conservateur. Il incarne l'aile dure du PMDB, la grande formation centriste et incontournable allié parlementaire du Parti des travailleurs (PT) au pouvoir depuis 2003, avec lequel il prône ouvertement la rupture.Elu président de la chambre des députés en février, il a profité de la crise politique qui touche le PT et la présidente Dilma Rousseff pour s'installer au centre de l'échiquier politique.
Il impose depuis un agenda résolument hostile à une Rousseff affaiblie par la crise économique, ses mesures d'austérité, le scandale Petrobras, et une popularité au plus bas à 9%.
Eduardo Cunha a imposé plusieurs revers cuisants à la présidente, et n'hésite pas à rappeler régulièrement que, de par sa fonction, c'est à lui qu'échoira la décision de soumettre ou non aux députés une éventuelle demande de destitution de Mme Rousseff, réclamée par certains secteurs de l'opposition de droite.pal/cdo/LyS
(c) AFP