Le Spillglop-250, l'aspirateur des mers contre la pollution par hydrocarbures
Le Spillglop est un faux monocoque de 25 m de long et de 7 m de large, explique Robert Gastaldi, fondateur, bailleur de fonds et président du conseil de surveillance de la SAS Ecocéane. Il s'agit d'un catamaran dont les deux coques sont reliées au-dessus et en dessous. La proue s'ouvre pour laisser entrer l'eau à l'intérieur et, pour en capter davantage, deux mâchoires auto-flottantes s'abaissent à l'avant.
Ainsi le Spillglop ratisse plus large et améliore ses capacités de nettoyage: jusqu'à 50.000 m2 par heure, la récupération jusqu'à 100% des hydrocarbures flottants et ce même par vent de force 6 à 7.
A l'intérieur du bateau, l'eau passe dans une sorte de canal entre les coques. Le pétrole étant plus léger que l'eau, celui-ci se retrouve en surface où il est aspiré par une pompe et stocké à bord, dans une limite de 120 m3, ou directement envoyé via une conduite dans un cargo à proximité pour travailler en continu. Même lorsque les hydrocarbures et l'eau se sont mélangés en une émulsion, le Spillglop peut encore oeuvrer: Lorsque cette +mayonnaise+ se développe, le bateau s'arrête pendant environ une heure, le temps de chauffer l'eau à bord à 35°C pour séparer les éléments et pouvoir aspirer le pétrole, détaille Eric Vial.
- Toute une gamme de bateaux -
Ecocéane a ainsi créé toute une gamme de bateaux-aspirateurs: le Cataglop, destiné au nettoyage portuaire des déchets solides et liquides, le Workglop, bateau de travail et de récupération des mêmes matériaux aux abords des plateformes pétrolières et dans les grands ports commerciaux, et, enfin, le Spillglop, pour les mêmes tâches mais en haute mer. Chacun de ses navires existe en plusieurs gabarits. Ecocéane a déjà vendu plus d'une centaine de Cataglop et deux Workglop.
Le tout premier Spillglop-250 l'a été à Taïwan. Il a été lancé le 30 avril à La Rochelle, en présence de plusieurs délégations internationales: Taïwan, Nigéria, Egypte, Angola, Qatar et Russie. Mais pas la France ni aucun pays européen.
Nous sommes confrontés à un paradoxe administratif français, se désole Robert Gastaldi. Depuis 2009 et le tout premier prototype de Spillglop, nous sommes invités à des voyages avec le président de la République. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, nous a présentés au président de l'Angola. Le ministère de l'Ecologie nous parraine mais nous ne sommes pas reconnus en France par les organismes chargés de la lutte contre les pollutions, le Cedre (Centre de documentation, de recherche et d'expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux) et le Ceppol (Centre d'expertises pratiques de lutte anti-pollution).
Pourtant le Cedre a validé le Cataglop. Mais il n'en a pas fait autant pour le Spillglop et n'a dont rien transmis à l'Union européenne, en l'occurrence à l'European Maritime Safety Agency (EMSA), parce que son bassin d'essai serait trop petit pour l'accueillir, alors qu'il est basé sur la même technologie. Le Cedre aurait toutefois conseillé à la société bretonne d'aller se présenter à l'Homsett, son homologue américain. Ce dernier a reconnu le concept comme unique au monde, ce qui a permis à Ecocéane de survivre.
Aujourd'hui Ecocéane emploie 25 personnes et a développé un chiffre d'affaires de cinq millions d'euros. En 2016 nous tablons sur 25 à 30 millions et en 2019 sur 150 millions d'euros de chiffre d'affaires. D'ici là, nous aurons créé environ 1.200 emplois dont 800 en France, souligne Robert Gastaldi.
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(c) AFP