Carburants outre-mer: le blocage des stations service dure, publication imminente des textes
Juste avant de regagner l'Hexagone mardi matin, le ministre des Outre-mer, Victorin Lurel, avait déclaré en Guadeloupe espérer pouvoir publier mercredi au plus tard les arrêtés de méthode permettant l'application du décret du 27 décembre destiné à faire la transparence sur les marges des pétroliers et ainsi baisser le prix des carburants dans les DOM.
Ce sont ces textes, dont les gérants de stations service redoutent qu'ils ne poussent les pétroliers à récupérer leur marge à leurs dépens, qui ont déclenché le mouvement de fermeture des stations jeudi matin.Depuis samedi, les préfets de chaque DOM sont à la manoeuvre pour présenter les aménagements proposés par le gouvernement. A la Réunion, le mouvement a ainsi été arrêté dès dimanche.
A Mayotte, les sept stations service étaient de nouveau réquisitionnées par le préfet mais une rumeur parlant de la fermeture le lendemain a provoqué une nouvelle ruée de centaines d'automobilistes et motocyclistes vers les pompes.
En Martinique, 5 stations sur les quelque 80 de l'île étaient de nouveau réquisitionnées. Le président de la région, Serge Letchimy (app. PS), a de nouveau pris la parole pour demander aux compagnies pétrolières et à la SARA (société de raffinage, basée à la Martinique et qui dessert aussi la Guadeloupe et la Guyane) de tout mettre en oeuvre pour approvisionner les stations.Toute attitude contraire s'apparenterait à une prise en otage inacceptable de la population, fait valoir le député, qui, au nom de l'intérêt supérieur de la Martinique, estime que toute poursuite de discussion devra se tenir en dehors de l'asphyxie de l'économie martiniquaise.
En Guyane, une station ouverte à la sortie de Cayenne et distribuant aux particuliers ce qui restait dans ses cuves a provoqué une nouvelle cohue, notamment en raison de personnes venues avec des bidons. Mais la manifestation d'usagers en colère, à l'appel des syndicats et une association de consommateurs n'a rassemblé que très peu de monde. Dans ce département, les gérants sont restés en retrait du mouvement pour lequel ils n'avaient pas été consultés et les pétroliers ont assumé le fait de ne pas les approvisionner.
En Guadeloupe enfin, un artiste local a mis en ligne avec un certain succès (presque 70.000 vues) une chanson satirique et un clip artisanal spécialement composés pour la situation, mettant en scène des usagers avec des contenants les plus hétéroclites (bidons, poubelles, boites à chaussures, cocotte minute, etc.) pour se ravitailler dans les sept seules stations ouvertes sur plus d'une centaine.
La situation provoque aussi un vide juridique: chaque mois, les préfets doivent fixer par arrêté le prix des carburants. Les prix actuels --pour ce qui est disponible-- sont pour l'heure ceux du mois de janvier.