Saudi Aramco s'offre une émission de dette à sa démesure
Ce montant record a été atteint peu avant la clôture des opérations mardi, a indiqué une source bancaire à l'AFP.
Selon le ministre saoudien de l'Énergie, le groupe compte effectivement lever 10 milliards de dollars, pour financer notamment une partie de l'acquisition des 70% du groupe de pétrochimie Sabic auprès du fonds souverain saoudien, annoncée le mois dernier.
Saudi Aramco veut "établir une présence permanente sur les marchés de capitaux mondiaux", a précisé lundi le ministre de l'Énergie, Khalid al-Falih.
Le royaume n'a pas abandonné l'idée de vendre jusqu'à 5% des actions de Saudi Aramco sur le marché, ce qui lui permettrait d'engranger quelque 100 milliards de dollars et de financer ainsi la diversification de l'économie saoudienne, qui dépend majoritairement de "l'or noir".
Dans l'attente de cette gigantesque entrée en Bourse, repoussée à fin 2020 ou début 2021, la compagnie a annoncé le mois dernier son intention de racheter 70% du groupe de pétrochimie Sabic pour 69,1 milliards de dollars auprès du Fonds public d'investissement saoudien (PIF), le fonds souverain du royaume.
Ce dernier bénéficierait ainsi d'un apport rapide et massif de liquidités pour financer le plan de diversification "Vision 2030" du prince héritier Mohamed ben Salmane (MBS).
Plus grand bénéfice mondial
La société a des arguments pour convaincre, car la première publication de ses comptes en avril a dévoilé un bénéfice net de 111,1 milliards de dollars en 2018, de loin le plus lourd de toutes les entreprises mondiales.
C'est aussi quasiment le double de celui d'Apple (59,3 milliards de dollars pour son exercice décalé 2018).
Pour l'Arabie saoudite, de manière générale, dette rime avec record. Le royaume avait fait une arrivée remarquée en 2016 sur le marché international, en atteignant d'emblée un montant historique, soit 17,5 milliards de dollars. Il s'agissait ainsi du plus gros emprunt syndiqué (emprunt placé auprès des investisseurs par plusieurs établissements bancaires, ndlr) jamais réalisé.
Début janvier l'engouement des investisseurs avait également été au rendez-vous.
Le pays avait emprunté 7,5 milliards de dollars pour une demande de 27 milliards, pour sa première opération sur les marchés internationaux depuis le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi le 2 octobre. Cette affaire au retentissement international avait terni l'image du royaume pétrolier, qui continue à nier toute implication du prince héritier.
(c) AwP