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Pétrole: la chute des cours amène les majors à se serrer la ceinture

prix du petrole ParisParis: La dégringolade des prix du pétrole a entraîné dans son sillage celle des résultats des majors pétrolières au troisième trimestre qui, pour tenir le choc, appliquent la même recette: couper les coûts et les investissements, mais préserver le dividende à tout prix.
"Avec des cours qui ont très lourdement chuté, qui devraient se relever en 2016 mais très faiblement, il n'y a pas de surprise à cet égard", souligne Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank.

Pas de surprise, mais les chiffres sont éloquents. Le géant français Total a vu son bénéfice net s'effondrer de 69% à 1,08 mrd USD entre les mois de juillet et septembre en raison de dépréciations d'actifs, même si son résultat net ajusté, qui exclut les éléments volatils et exceptionnels, a mieux résisté.

Le bénéfice net du britannique BP a été quasi réduit à néant, l'italien Eni et le norvégien Statoil ont fini dans le rouge. Mais la palme revient à l'anglo-néerlandais Shell qui a accusé une spectaculaire perte nette de 7,4 mrd USD.

Aucune bonne surprise n'est non plus attendue vendredi pour les américains Chevron et Exxon Mobil, alors que l'activité de forage dans les hydrocarbures de schiste a chuté aux Etats-Unis sous la pression de la faiblesse des cours du brut.

Il faut dire qu'entre fin juin 2014 et fin septembre, le baril a lourdement chuté, passant de 90 USD à moins de 50 USD. Les cours évoluaient même à plus de 110 USD en juin de l'an dernier.

"Là où il y a le plus déception, c'est sur l'amplitude des dépréciations, due à des révisions des prix du pétrole à long terme ou à des transactions", relève Alexandre Andlauer, analyste chez AlphaValue.

Shell, par exemple, a déprécié pour 3,7 mrd USD d'actifs, dont 2,3 mrd USD pour le seul gaz de schiste outre-Atlantique. Le groupe a aussi tiré une croix sur des forages controversés au large de l'Alaska et à un gisement de sables bitumineux au Canada.

Paradoxalement, alors que les activités de raffinage pesaient sur les résultats des groupes pétroliers ces dernières années, elles apportent désormais un peu d'oxygène à leurs finances.

"Une honte"

Et faute d'entrevoir de réelle embellie en raison d'une demande à la vigueur incertaine dans un marché inondé de barils, les groupes appliquent tous la même recette, car ils ont tous la même contrainte: satisfaire à court terme des actionnaires particulièrement exigeants.

Ils ont donc à nouveau taillé drastiquement dans leurs investissements, à hauteur totale de plusieurs dizaines de milliards de dollars. A cela s'ajoutent des milliers de suppressions d'emplois.

"Les grandes compagnies pétrolières réduisent drastiquement leurs investissements pour pouvoir rentabiliser leurs opérations à environ 60 USD le baril", constate Jasper Lawler, analyste chez CMC Markets.

Avec la baisse de la production attendue aux Etats-Unis, "l'idée est que les prix du pétrole atteindront en moyenne 60 USD le baril à moyen terme. Cela permet à ces compagnies de préserver leur dividende en augmentant à court terme leur taux d'endettement grâce aux faibles taux d'intérêt", précise-t-il.

Si le prix du baril atteint ce niveau, Total entend piocher dans ses réserves de trésorerie pour offrir à ses actionnaires des dividendes satisfaisants à partir de 2017. Il garde aussi ouverte l'option d'un paiement du dividende en actions, une mesure qui permet de réduire les sommes déboursées par le groupe.

"Le discours des groupes intégrés, c'est qu'ils feront tout pour éviter une coupe du dividende. Ils préféreraient couper encore des capex (investissements, NDLR) de 2 ou 3 mrd USD plutôt que de toucher au dividende", note Alexandre Andlauer.

"Les majors veulent répondre aux attentes de marchés financiers, en l'occurrence des fonds d'investissement. Si elles coupent le dividende, il y aurait un flux sortant de ces acteurs-là", relève-t-il. En Europe, seule Eni a jusqu'ici franchi le pas.

Cette approche a un revers: elle pénalise les revenus futurs des compagnies pétrolières en baissant leur production. "C'est une phase où on essaie simplement de rationaliser, de sauver un peu les meubles, surtout satisfaire l'actionnaire, mais on n'a plus de plan stratégique de développement", souligne Christopher Dembik.

"A la place de couper le dividende, on coupe des investissements, donc on coupe des résultats financiers, de la profitabilité à horizon 2020. D'un point de vue industriel, c'est une honte d'agir de la sorte", abonde l'analyste d'AlphaValue.

(c) AFP

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