Le pétrole gagne du terrain malgré l'entêtement de l'Opep
Vers 11H00 GMT (12H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février valait 62,05 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 67 cents par rapport à la clôture de vendredi.
Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance s'appréciait de 47 cents à 57,60 dollars.
Après avoir été (l'Harpagon) du monde économique ces six dernières semaines, le pétrole a vécu une légère cure de jouvence, dans le climat économique actuel un prix du Brent au dessus de 60 dollars le baril est porteur d'espoir pour le marché, notait Connor Campbell analyste chez Speadex.
Les cours de l'or noir ont perdu environ 50% de leur valeur depuis la mi-juin, grevés par l'abondance de l'offre et la faiblesse de la demande dans un contexte de ralentissement de l'économie mondiale. Les prix du Brent et du WTI ont marqué, la semaine dernière, leurs plus bas niveaux en cinq ans et demi à 58,50 dollars et 53,60 dollars respectivement.
Pour le moment la chute des cours du pétrole semble enrayée, la confirmation du refus des monarchies du Golfe de diminuer leur offre n'ayant pas ébranlé les marchés qui s'étaient pourtant montrés susceptibles à toutes annonces baissières ces dernières semaines. L'Arabie saoudite, chef de file de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), et le Koweït ont annoncé dimanche qu'ils ne réduiraient pas leur production même si des pays hors de l'Opep diminuaient la leur.
S'ils décident de réduire leur production, ils seront les bienvenus. (...) L'Arabie saoudite ne va certainement pas réduire la sienne, a déclaré le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, en marge d'un forum arabe sur l'énergie à Abou Dhabi.
Pour M. Campbell, le fait que le marché n'ait pas réagi à l'annonce de l'Arabie saoudite dimanche est particulièrement étonnant. Traditionnellement cette nouvelle aurait été synonyme d'une dégringolade des prix du pétrole, mais les cours ont seulement ouverts en légère baisse, suggérant que la matière première aurait retrouvé une certaine résistance, soulignait-il.
Le Koweït, les Émirats Arabes Unis et le Qatar ont connu une bonne semaine, ils nous ont rappelé qu'ils avaient un énorme pouvoir sur les marchés pétroliers. Ils nous ont démontré que créer un excédent ou un déficit d'offre donne une certaine puissance. Il n'y a pas une industrie, une compagnie ou même une famille qui n'est pas concernée par le changement de stratégie de l'Opec, commentait David Hufton analyste chez PVM.
Lors de leur dernière réunion en novembre l'Opep a opéré un changement de stratégie en ne réduisant pas son plafond de production et en décidant de laisser les prix se stabiliser d'eux-même sans l'intervention du cartel. Le cartel a décidé fin novembre à Vienne de maintenir à 30 mbj son plafond de production.
La nouvelle politique de l'Opep est une stratégie de long terme selon des analystes, ce qui a été d'ailleurs confirmé par le ministre Irakien du Pétrole Abdel Abdelmahdi dimanche. Nous devons attendre et voir les réactions du marché et des autres pays, a-t-il dit, indiquant s'attendre à une stabilisation des prix à 60 dollars le baril.
Nous avons besoin de six mois pour évaluer le marché et même si rien ne se passe lorsque nous nous rencontrons dans six mois, nous ne changerons pas notre position, a prévenu le ministre émirati de l'Energie, Suhail al-Mazrouei.
Les opérateurs de marché restent cependant prudents, n'écartant pas de nouvelles fluctuations des cours. Le rebond des prix du pétrole est aidé par un marché calme en raison des fêtes, mais nous pourrions voir les prix baisser de nouveau l'année prochaine, ajoutait M. Campbell.