L'Opep et ses alliés proches d'un accord de baisse de la production de pétrole
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a laissé entendre en début d'après-midi être parvenue à un projet d'accord. Celui-ci devait être formellement avalisé dans l'après-midi par ses alliés lors d'une réunion à Vienne.
Les prix du Brent, qui étaient passés sous les 60 dollars alors que les tensions entre Russie, Arabie saoudite et Iran paraissaient inextricables vendredi matin, ont bondi de plus de 3 dollars quand l'agence Bloomberg a rapporté que les producteurs réunis, qui pompent environ la moitié du brut mondial, s'étaient entendus pour réduire leur production de 1,2 million de barils par jour.
"Je pense que, dans les conditions actuelles, il est extrêmement important pour nous d'envoyer un signal au marché indiquant que nous sommes prêts à agir de manière décisive", a-t-il déclaré à l'agence russe RIA Novosti.
Les producteurs s'accordent en effet sur un point: l'offre dépasse la demande et a conduit à une chute de plus de 30% des prix en deux mois. Une évolution qui satisfait les consommateurs, mais non des producteurs eux-mêmes très dépendants des revenus pétroliers.
La baisse de production de 1,2 million de barils par jour (mbj), si elle est confirmée, pourrait toutefois "ne pas être suffisante pour éliminer la surabondance de pétrole sur le marché", a estimé auprès de l'AFP Stephen Brennock, analyste chez PVM.
"Une réduction de 1,5 mbjour était nécessaire pour éviter une surproduction au premier semestre 2019. En conséquence, les prix devraient plutôt rester orientés à la baisse dans les mois à venir malgré la réaction spasmodique d'aujourd'hui" sur le marché, a-t-il prévenu.
Il aura fallu deux jours aux différents poids lourds pour accorder leurs violons au sein de cette alliance nouée en 2016 et qui regroupe l'OPEP et dix autres producteurs, dont la Russie qui est de loin le plus important.
L'Arabie saoudite avait plus tôt dans la journée jeté un premier froid en évoquant une baisse d'"un million de barils par jour", un niveau jugé insuffisant pour inverser la chute des cours.
Les poids lourds de l'or noir ont tous des raisons, plus ou moins officielles, d'attendre des efforts des autres producteurs.
L'Arabie saoudite, troisième producteur mondial, doit ainsi faire face à la pression américaine, à un moment où le royaume est affaibli par les répercussions diplomatiques de l'affaire Khashoggi.
Alors que le président américain Donald Trump avait exigé mercredi de l'OPEP, qui pompe le tiers du brut mondial, qu'elle maintienne sa production à un niveau élevé, le ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Faleh, avait tenu à souligner que Washington "n'(était) pas en position" de lui dicter sa conduite.
Tenant d'une ligne dure et rival géopolitique du royaume, l'Iran, a plaidé pour une réduction marquée... tout en demandant à être exempté de toute baisse, estimant son secteur pétrolier déjà affecté par les sanctions des États-Unis.
Les incertitudes sur le pétrole ont contribué jeudi au recul des Bourses européennes et fait plonger le prix du Brent avant son rebond de vendredi.
"Si l'hypothèse d'une baisse de production d'entre 1 à 1,4 million de barils par jour ne se concrétise pas, la pression sur les cours va s'intensifier et on peut s'attendre à une chute des cours jusqu'à fin 2018 et au-delà", a prévenu Benjamin Lu, analyste chez Phillip Futures.
En juin, les producteurs avaient assoupli leur discipline avec pour objectif de permettre à la Russie et à l'Arabie saoudite d'extraire davantage pour compenser les pertes prévues de barils iraniens en raison du rétablissement des sanctions américaines liées au dossier nucléaire.
Mais les exemptions temporaires accordées au dernier moment par les États-Unis à huit pays importateurs, à des niveaux plus élevés que ne l'attendait le marché, ont contribué au plongeon des prix de ces deux derniers mois, effaçant les gains engrangés depuis début 2017.
(c) AFP