Le pétrole Brent dépasse 80 dollars, tiré par l'Iran et le Venezuela
Le cours du baril pour livraison en juillet est monté à 80,18 dollars vers 09H50 GMT, en hausse de 90 cents par rapport à la clôture de mercredi, avant de retomber légèrement en dessous des 80 dollars.
Il évoluait encore autour de 50 dollars en mai 2017, ce qui représente un bond de plus de 50% en un an.
La hausse a été alimentée depuis la veille par l'annonce d'un recul des stocks de brut aux États-Unis de 1,4 million de barils et d'une très forte baisse des réserves d'essence de 3,8 millions de barils.
Pour Jasper Lawler, analyste pour London Capital Group, la progression des cours est "impressionnante" d'autant que de récents rapports ont fait état d'une hausse des exportations américaines et d'un futur ralentissement de la demande, deux facteurs qui devraient en théorie peser sur les prix.
La hausse des cours pourrait devenir un problème pour les économies développées, dont l'activité avait profité de la chute intervenue en 2014, et notamment pour les banques centrales, "du fait de l'impact temporaire que cela aura sur l'inflation", a souligné auprès de l'AFP Craig Erlam, analyste pour Oanda.
Dans ses derniers résultats, Air France-KLM avait estimé que sa facture carburant devrait s'accroître de 350 millions d'euros en 2018.
Election vénézuélienne
Depuis plusieurs semaines, les cours ont été tirés par les inquiétudes quant à la production iranienne et vénézuélienne, alors que les États-Unis ont décidé de sortir de l'accord sur le nucléaire iranien.
L'industrie vénézuélienne est fortement affectée par la crise économique et politique qui secoue le pays. De plus, l'élection présidentielle de dimanche, où l'actuel président Nicolas Maduro est le grand favori, ne rassure pas les marchés.
"Dans l'hypothèse où les États-Unis interdirait totalement les importations de brut vénézuélien, cela se traduirait, pour le marché, par une disparition de plus de 400.000 barils", a souligné Tamas Varga, analyste pour PVM.
Le cartel de l'OPEP est engagé depuis fin 2016, et jusqu'à fin 2018 pour l'instant, dans un accord de limitation de sa production aux côtés de dix autres producteurs, dont la Russie. Une réunion en juin doit décider de son éventuel prolongement.
Incertitude iranienne
L'incertitude sur la production iranienne, après la sortie des États-Unis de l'accord sur le nucléaire et le retour des sanctions, a également contribué à la hausse des cours ces dernières semaines alors que Total a indiqué qu'il ne mènera pas à terme un grand projet gazier entamé en juillet 2017 à moins d'obtenir une dérogation de la part des autorités américaines.
"C'est un revers pour l'Union européenne qui souhaite maintenir l'accord" avec les autres signataires, a commenté M. Lawler.
La société chinoise CNPC pourrait néanmoins replacer le géant français, a indiqué mercredi soir le ministre iranien du Pétrole.
Difficile donc de prédire, le devenir de la production iranienne alors que dans le même temps, l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole et grand rival de l'Iran, a récemment déclaré qu'elle prendrait toutes les mesures nécessaires pour empêcher des pénuries d'approvisionnement en pétrole.
Néanmoins, plusieurs observateurs ont souligné mi-avril qu'elle souhaiterait un prix du baril autour de 80 voire 100 dollars, afin d'augmenter la valeur de sa compagnie pétrolière Saudi Aramco, avant son introduction en Bourse.
(c) AFP