"Force majeure" autour de l'oléoduc Forties en mer du Nord britannique
"Il est trop tôt pour dire combien de temps prendra la réparation, mais ce sera davantage une question de semaines que de jours. Nous confirmons la déclaration formelle de l'état de +force majeure+", a annoncé Ineos dans un communiqué jeudi.
Ce pipeline permet habituellement l'acheminement de 40% de la production d'hydrocarbures assurée en mer du Nord britannique.
"La surveillance constante du pipeline depuis lundi nous a permis de confirmer que la fêlure s'était stabilisée et ne s'était pas aggravée ces dernières 48 heures", a expliqué jeudi Ineos, qui a précisé étudier "diverses options pour accomplir les réparations".
La "force majeure" est un terme juridique qui libère l'entreprise de ses obligations contractuelles en raison de circonstances hors de son contrôle.
Ineos vient à peine d'acquérir cette installation, achetée le 31 octobre à la major pétrolière britannique BP pour 250 millions de dollars. Il s'agit en fait d'un réseau, appelé Forties Pipeline System (FPS), qui transporte en temps normal quelque 450.000 barils de pétrole par jour, d'après la direction d'Ineos.
Au vu du rôle déterminant de cette installation dans la circulation des hydrocarbures de la région, les cours du baril de pétrole Brent étaient montés à la suite de l'annonce de la suspension lundi.
Le pétrole de Forties constitue d'ailleurs un des étalons utilisés pour établir le prix du Brent, le standard européen en la matière.
Approvisionnements en gaz
Les cours du gaz en Europe étaient aussi montés lundi à l'annonce de la suspension, et ont subi un choc supplémentaire mardi matin avec une explosion au terminal gazier de Baumgarten, dans l'est de l'Autriche, qui a fait un mort et 21 blessés dont un grave.
"La suspension de Forties va mettre 1,2 milliard de pieds cubes de gaz par jour hors du marché - plus de 10% de la demande de gaz du Royaume-Uni", a prévenu Massimo Di Odoardo, analyste spécialiste du gaz chez Wood Mackenzie.
Interrogé par l'AFP, le gouvernement britannique s'est toutefois voulu rassurant sur l'approvisionnement du pays.
"Il n'y a aucun problème d'approvisionnement pour le carburant ou le gaz du fait des réparations nécessaires sur le pipeline Forties", a souligné un porte-parole du gouvernement. "Comme le montrent les données issues de notre réseau national, nous avons des marges confortables tant pour le gaz que pour l'électricité cet hiver", a-t-il ajouté.
Lundi, un premier méthanier chargé gaz naturel liquéfié (GNL) issu du mégaprojet Yamal en Russie a appareillé du port de Sabetta en Sibérie arctique. Cette première cargaison de 170.000 mètres cubes, chargée via ce projet hors norme, a été achetée par Petronas LNG UK, filiale britannique du groupe malaisien Petronas.
Petronas LNG UK reste maître de la destination du méthanier brise-glace et de l'acheteur final de ce gaz.
Le chargement du méthanier, baptisé Christophe de Margerie en raison de l'implication du feu PDG de Total dans le projet Yamal, a été inauguré par le président russe Vladimir Poutine lui-même. Le projet Yamal, chiffré à 27 milliards de dollars, est tenu par un consortium international mené par le groupe privé russe Novatek.
(c) AFP