Asie: la dégringolade du pétrole, une occasion révée de réformer les économies
Essoufflement des marchés-clés pour les exportations asiatiques, en Europe, en Chine et au Japon, fin du programme d'assouplissement monétaire aux Etats-Unis et spéculations sur une hausse des taux d'intérêt américains qui entraînent la fuite de capitaux étrangers à la recherche de meilleurs rendements: le contexte n'est facile et bon nombre de gouvernements asiatiques se retrouvent confrontés à des décisions ardues pour garder le cap.
Mais avec la baisse des prix du pétrole, qui ont perdu de plus de 50% depuis juin, les tendances inflationnistes reculent, ce qui permettrait aux Banques centrales de baisser leur taux ou de les maintenir en l'état, soulignent les spécialistes.
La Banque asiatique de développement a estimé le mois dernier que les pays émergents pourraient bénéficier en 2015 d'un demi point de pourcentage de croissance supplémentaire en moyenne si les cours du pétrole restaient bas.
Pour les analystes toutefois, des réformes structurelles sont indispensables, au premier rang desquelles la suppression des subventions à l'énergie, sujet sensible qui a historiquement provoqué des manifestations parfois violentes, des plus pauvres mais aussi des classes moyennes.
La Malaisie, l'Indonésie et l'Inde ont déjà procédé à des coupes sombres dans les subventions à l'énergie, subventions qui sont très populaires mais qui ont creusé les déficits publics.
Shang-Jin Wei, économiste au cabinet ADB à Manille, dit que la baisse des cours du pétrole "représentait une occasion en or" de réformes pour les pays importateurs alors que les marchés boursiers mondiaux souffrent de la chute des cours.
BOUFFÉE D'AIR FRAIS
Rajiv Biswas, analyste chez IHS, va plus loin et estime que les Etats asiatiques doivent profiter des bas prix pour agir maintenant avant qu'un "renchérissement significatif du pétrole dans les prochaines années ne renforce l'opposition de l'opinion publique à la fin des subventions".
En Indonésie par exemple, de précédentes tentatives pour réduire les subventions publiques à l'énergie avaient provoqué de violentes émeutes. L'Inde avait connu des manifestations pour le même motif.
Le nouveau président indonésien Joko Widodo a toutefois décidé en novembre de prendre le problème à bras le corps dans le but de développer les infrastructures avec les économies réalisées.
Parallèlement, la baisse des cours représente une bouffée d'air frais pour des économies grosses consommatrices d'énergie.;rale semble claire, à moins que l'Opep n'intervienne, a-t-il ajouté."La plupart des économies d'Asie sont de grandes importatrices de pétrole et de gaz, elles vont bénéficier de la baisse du coût de leurs importations et les consommateurs vont également profiter de la chute du coût de l'énergie", souligne Rajiv Biswas. "Cet élan positif contribue à pallier les effets négatifs de l'essoufflement chinois et de la récession japonaise", dit-il.
L'Inde, troisième économie d'Asie qui importe près de 80% de ses besoins en pétrole, devrait figurer parmi les grands gagnants de cette tendance.
Le transport aérien comme maritime ainsi que les industries lourdes gourmandes en énergie telles que les aciéries devraient également tirer leur épingle du jeu.
"Les compagnies aériennes devraient afficher des bénéfices au dernier trimestre 2014 et au premier trimestre 2015", dit Shukor Yusof, fondateur du cabinet de recherches en aéronautique Endau Analytics. "Etant donné la tendance, on devrait avoir un réajustement correspondant dans les prix des billets d'avion".;rale semble claire, à moins que l'Opep n'intervienne, a-t-il ajouté.Toutefois, tout n'est pas rose pour tout le monde. La Malaisie comme le sultanat de Brunei, exportateurs de pétrole et de gaz, devraient subir les contrecoups de la baisse.
La Malaisie en particulier, pour qui les revenus du pétrole représentent entre 30 et 40% des recettes budgétaires, a vu sa devise, le ringgit, perdre près de 11% face au dollar au cours des six derniers mois. La Malaisie avait prédit en octobre un taux de croissance de 5 à 6% pour 2015 mais la Banque mondiale parle plutôt de 4,7%.
Les spécialistes de l'or noir estiment en outre que le pétrole n'en a pas finit de plonger pour le moment.