L'oléoduc Keystone XL, premier défi du nouveau Congrès républicain à Obama
Les républicains veulent faire des deux prochaines années la vitrine de leur programme économique, avant l'échéance présidentielle de 2016.
Mais plutôt que d'engager dès maintenant d'ambitieuses réformes fiscales ou sociales, ils ont choisi de frapper vite et fort, avec trois lois symboliques de leurs priorités: les énergies fossiles et Obamacare, la réforme du système de santé signée Obama et qu'ils cherchent à démanteler.
L'oléoduc Keystone XL entre le Canada et les Etats-Unis devrait rapidement être autorisé par les deux chambres du Congrès, un geste de défiance envers Barack Obama.
Le président américain est normalement le décideur ultime pour autoriser le projet de la société TransCanada, dont la première demande d'autorisation date de 2008, avant même l'élection de Barack Obama.
Mais il tergiverse depuis des années, pour s'assurer que le projet n'aggraverait pas le changement climatique, et plus récemment pour attendre le dénouement d'une procédure judiciaire dans l'un des Etats traversés par le futur oléoduc, le Nebraska, dans le centre du pays.A bout de patience, et pressés d'exploiter le dossier à des fins politiques, les républicains ont donc rédigé une loi contournant le processus administratif d'autorisation, afin que le Congrès autorise le chantier de son propre chef.
La Chambre a en fait déjà voté neuf fois sur une telle législation, mais le Sénat démocrate avait toujours réussi à bloquer ces initiatives. Le basculement républicain de la chambre haute du Congrès, à la suite des élections de novembre, supprime tout obstacle.
La Chambre votera vendredi, le Sénat à une date non encore fixée.
Deux autres lois devraient être examinées dès cette semaine à la Chambre, les deux visant à affaiblir par morceaux Obamacare. Une approche de démolition graduelle préférée à une abrogation totale, qui n'aurait aucune chance d'être promulguée par Barack Obama.
- Veto ?
Je ne veux pas que les Américains croient que s'ils ajoutent un président républicain à un Congrès républicain, cela produirait un résultat effrayant, a expliqué le nouvel homme fort du Congrès, le chef de la majorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell, dans une interview au Washington Post. Je veux que les Américains se rendent compte que la Chambre et le Sénat républicains forment une majorité de gouvernement responsable, à droite du centre.
Traduction: les chefs républicains veulent une majorité constructive, pas obstructionniste, pour donner un tremplin à leur candidat vers la Maison Blanche en 2016.
Ils affirment qu'un terrain d'entente peut être trouvé avec Barack Obama dans trois domaines: une simplification du complexe code des impôts; le financement des infrastructures; et la ratification de traités de libre-échange avec l'Union européenne et plusieurs pays asiatiques.
Barack Obama multipliera à partir de cette semaine les déplacements pour préparer son discours annuel sur l'état de l'Union, dans deux semaines.
Il réunira aussi bientôt les chefs de file du Congrès. Les différends peuvent être plus nombreux, une raison supplémentaire pour passer plus de temps à chercher un terrain d'entente, et c'est ce que le président va faire, a dit son porte-parole Josh Earnest lundi.
Malgré les déclarations optimistes, de nombreux sujets restent très conflictuels et pourraient forcer Barack Obama à utiliser son veto, à commencer par la loi sur Keystone XL. Suivront dans les premiers mois de 2015 d'éventuelles mesures pour contrecarrer la régularisation annoncée de sans-papiers, et le budget 2016.
Pour surmonter un veto, chaque chambre du Congrès doit revoter à une majorité de deux tiers, un seuil très élevé qui requerrait la rébellion de nombreux démocrates.
Sur le plan politique, la journée de mardi sera marquée par la réélection attendue du président de la Chambre, John Boehner, qui devrait surmonter une levée de boucliers d'élus ultra-conservateurs du Tea Party.
Une polémique sur le numéro trois républicain de la Chambre, Steve Scalise, qui a reconnu s'être rendu à une convention de suprémacistes blancs en 2002, pourrait aussi assombrir la rentrée politique.