Le brut continue de grimper et atteint un nouveau sommet à Londres
Londres - Les cours du pétrole continuaient de grimper mercredi en fin d'échanges européens, s'approchant des 99 dollars à Londres, dans un marché stimulé par une baisse des stocks américains alors que les opérations en vue du redémarrage de l'oléoduc Trans Alaska se prolongeaient.
Vers 17H00 GMT (18H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février s'échangeait à 98,47 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 86 cents par rapport à la clôture de mardi.
Il était monté une demi-heure auparavant jusqu'à 98,47 dollars, un niveau sans précédent depuis le 1er octobre 2008, et qui le rapproche encore du seuil des 100 dollars, très surveillé par les investisseurs.
De son côté, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en février gagnait 84 cents à 91,95 dollars, se rapprochant des sommets enregistrés la semaine précédente.
"Il y a quelques bonnes raisons pour expliquer et conforter cette envolée des cours: la fermeture de l'oléoduc clef Trans Alaska, les prévisions d'un hiver rigoureux dans le nord-est américain comme la santé solide des marchés actions", soulignait Myrto Sokou, analyste de Sucden Financial.
"Ces facteurs pourraient soutenir les prix du brut, et les pousser jusqu'à 94 dollars (à New York), et on pourrait voir relativement rapidement un baril à 100 dollars" des deux côtés de l'Atlantique, a-t-elle ajouté.
Par ailleurs, les chiffres hebdomadaires du Département américain de l'Energie ont contribué à conforter le marché: si les stocks d'essence ou de distillats (dont le gazole et le fioul de chauffage) ont augmenté, les stocks de brut aux Etats-Unis ont de nouveau chuté, avec une baisse de 2,2 millions de barils très supérieure aux attentes.
La situation du Trans Alaska continuait d'exacerber la nervosité du marché: reliant une région pétrolifère aux confins de l'Arctique à la côte Sud de l'Alaska, cet oléoduc transporte un dixième de la production américaine totale et représente un approvisionnement majeur pour la côte ouest des Etats-Unis.
Fermé pendant trois jours après la découverte d'une fuite, il a été rouvert partiellement mercredi, une mesure temporaire pour éviter le gel des hydrocarbures qu'il contient, mais la fuite découverte samedi dans une station de pompage n'a pas encore été totalement colmatée.
"Les prix se maintiendront à un niveau élevé tant que l'incertitude sera entretenue sur la date de redémarrage définitif" de l'oléoduc, observait Filip Petersson, analyste de la banque SEB.
"Si la situation empire et que l'oléoduc finit par geler, nous pourrions très bien voir les cours du Brent dépasser momentanément la barre des 100 dollars le baril", a ajouté M. Petersson.
Par ailleurs, la fermeture temporaire mardi de deux plateformes de la compagnie norvégienne Statoil en mer du Nord, après la découverte d'une fuite de gaz, a encore ajouté à la fébrilité des opérateurs: leur production a redémarré mais ne devrait atteindre la pleine capacité que jeudi au mieux.
D'autant que la demande reste robuste: "le marché du pétrole reste toujours solidement soutenu par les températures très froides relevées en Chine et aux Etats-Unis", les deux premiers consommateurs de brut de la planète, soulignait M. Petersson.
Enfin, les cours du baril profitaient d'un affaiblissement du dollar face à l'euro, qui poursuivait son rebond après le succès relatif d'une émission obligataire portugaise.
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(AWP/12 janvier 2011 18h42)