L'Opep et ses alliés se penchent sur la crise du marché pétrolier
Cette réunion exceptionnelle par visioconférence doit permettre de discuter d'une réduction massive de la production, à hauteur de 10 millions de barils par jour (mbj), un volume évoqué par Vladimir Poutine vendredi.
Le cadre et l'objet des négociations semblent cependant toujours à peaufiner et le rendez-vous a finalement été reporté à jeudi, selon le gouvernement azerbaïdjanais.
Les deux pays semblent cependant vouloir de nouveau coopérer. Le président russe a ainsi déclaré vendredi qu'il était "nécessaire d'unir les efforts pour équilibrer le marché et réduire la production".
Un accord "permettrait de rééquilibrer le déficit de la demande, de ramener les prix à des niveaux plus rentables et d'éviter les arrêts de production", a souligné Per Magnus Nysveen, analyste de Rystad, qui décrit une véritable "partie de poker".
Le point d'achoppement est surtout "la quantité que chaque producteur sera prêt à prendre pour lui", a-t-il ajouté.
Ombre américaine
Le chiffre de 10 mbj est colossal puisqu'il représente à lui seul grosso modo la production russe ou saoudienne, respectivement de 10,7 mbj et 9,8 mbj au mois de février, selon le dernier rapport mensuel de l'OPEP.
Ce chiffre est apparu pour la première fois jeudi dans un tweet du président américain.
Cette sortie est intervenue alors que le locataire de la Maison Blanche a promis de défendre le secteur pétrolier américain, premier producteur mondial avec 13 mbj, mais dont le pétrole de schiste a un coût de revient élevé et n'est plus rentable aux cours actuels.
L'ombre de Washington plane sur les discussions à venir, Ryad ayant prévenu qu'elles auraient lieu "à la demande du président des États-Unis Donald Trump", selon l'agence de presse officielle saoudienne SPA.
Selon une source russe citée par l'agence TASS, le régulateur américain a même été invité à prendre part à la réunion. Vladimir Poutine a déclaré à être prêt "à coopérer avec les États-Unis".
Éviter le fiasco
Le principal enjeu pour le cartel et ses alliés sera d'éviter le fiasco de la précédente réunion, qui s'est soldée non seulement par une absence d'accord mais par une guerre des prix lancée par l'Arabie saoudite.
Les prix du brut, déjà malmenés par une demande au point mort à mesure que les politiques strictes de confinement des populations se généralisaient à travers le monde en réponse à la pandémie de Covid-19, avaient ensuite plongé jusqu'à atteindre lundi des niveaux plus vus depuis 2002.
Les deux cours de référence, celui du baril de Brent BRENT Le Brent ou brut de mer du nord, est une variation de pétrole brut faisant office de référence en Europe, coté sur l'InterContinentalExchange (ICE), place boursière spécialisée dans le négoce de l'énergie. Il est devenu le premier standard international pour la fixation des prix du pétrole. européen et celui du WTI WTI Le West Texas Intermediate (WTI), aussi appelé Texas Light Sweet, est une variation de pétrole brut faisant office de standard dans la fixation du cours du brut et comme matière première pour les contrats à terme du pétrole auprès du Nymex (New York Mercantile Exchange), la bourse spécialisée dans l'énergie. américain, ont bouclé en ce début d'année le pire trimestre de leur histoire, avec des prix divisés par trois sur la période.
La perspective d'un apaisement de la guerre des prix et d'une production enfin jugulée de manière conjointe, même si elle ne sera sûrement pas en mesure de répondre au déficit abyssal de la demande en or noir, a toutefois permis jeudi et vendredi aux cours de se reprendre.
Mais gare aux faux espoirs, prévient Chris Beauchamp, analyste chez IG : "les chances de parvenir à un accord semblent assez faibles" et le marché "se prépare à une douloureuse déception, qui pourrait voir les gains des dernières 48 heures rapidement effacés".
(c) AFP