Le brut accentue son recul, plombé par les inquiétudes sur la zone euro
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin s'échangeait à 119,08 dollars, perdant 75 cents par rapport à la clôture de vendredi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance abandonnait 71 cents à 104,22 dollars.
"Les prix du brut ont entamé la semaine en territoire négatif, après des indicateurs décevants témoignant de l'entrée en récession de l'Espagne", dont le Produit intérieur brut (PIB) a reculé de 0,3% au premier trimestre, soulignait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden.
"Cet indicateur a pesé sur le marché, renforçant la perspective d'un ralentissement de la demande énergétique européenne", étant donné "la situation très fragile de la zone euro et la série récente d'indicateurs économiques moroses" dans la région, ajoutait Mme Sokou.
"Etant donné la taille de l'économie espagnole, le poids de sa dette, et l'exposition des banques de la zone euro (à la dette espagnole), une aggravation de la crise en Espagne signifie une aggravation de la crise pour l'Union monétaire" dans son ensemble, notait de son côté David Hufton, analyste du courtier PVM.
Les investisseurs se montraient par ailleurs prudents dans l'attente de l'issue des élections qui vont avoir lieu en fin de semaine dans plusieurs pays importants d'Europe: la France doit élire dimanche prochain son nouveau président de la République, tandis que la Grèce, à l'origine de la crise de la dette, renouvellera son parlement.
"L'élan dont bénéficie (le candidat socialiste à la présidence française) François Hollande traduit une opposition claire (des électeurs) contre les mesures d'austérité défendues par l'Allemagne, qui n'est plus en position de force", soulignait M. Hufton.
"Cela peut peser sur les places boursières et effrayer les marchés obligataires", estimait l'analyste, ajoutant que les incertitudes en Europe, "avec les implications négatives pour la croissance économique mondiale, accentuent la pression sur les prix du pétrole".
Dans ce contexte, le renchérissement du dollar face à un euro sous pression contribuait également à pénaliser le marché du pétrole, rendant moins attractifs les achats de brut, libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises.
De plus, échaudés par l'annonce vendredi d'un ralentissement de la croissance économique américaine au premier trimestre, les opérateurs "attendent avec appréhension une série de statistiques cette semaine aux Etats-Unis", afin d'évaluer la santé économique du premier pays consommateur de brut, ajoutait Myrto Sokou.
Sur le front de l'offre, les investisseurs surveillaient toujours, cependant, la montée des tensions au Soudan, qui a déclaré l'état d'urgence dans trois Etats frontaliers du Soudan du Sud. Le différend entre les deux pays avait conduit en janvier le Soudan du sud à stopper sa production de pétrole, qui était alors de 350'000 barils par jour.
rp
(AWP / 30.04.2012 18h31)