Accroissement des subventions aux énergies fossiles "intenable" (AIE)
"Et s'il n'y a pas de changement de politique des gouvernements, nous atteindrions 660 milliards de dollars en 2020, soit 0,7% du PIB mondial", a averti l'économiste en chef de l'AIE, Fatih Birol, lors d'une conférence de presse.
"C'est intenable, c'est le mot", a estimé le secrétaire général de l'OCDE Angel Gurria, en soulignant que ce chiffre était supérieur aux subventions agricoles dans le monde, dont une grande partie provient des pays développés.
Selon le bras énergétique de l'OCDE, abandonner les subventions aux énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) permettrait de réduire la demande mondiale d'énergie de 4,1% et la demande de pétrole de 3,7 millions de barils quotidiennement.
Cet abandon entraînerait également une réduction des émissions de C02 de 1,7 milliard de tonnes annuellement, soit les émissions du Royaume-Uni, de l'Allemagne, de l'Italie et de la France.
Selon les estimations de l'AIE, les subventions "qui réduisent artificiellement" le prix des carburants fossiles ont atteint en 2010 un total de 409 milliards de dollars (310 milliards d'euros), soit près de 110 milliards de plus qu'en 2009 du fait de la hausse des prix de l'énergie (mais 150 milliards de moins qu'en 2008, lorsque les prix avaient atteint un pic historique).
Dans les pays de l'OCDE, ces subventions ont représenté l'an passé environ 60 milliards de dollars, plus de la moitié concernant le pétrole.
Mais le gros des subventions est venu des pays producteurs de pétrole et des grands pays en développement, selon un classement de l'AIE.
L'Iran arrive en tête avec plus de 80 milliards de dollars de subventions, devant l'Arabie Saoudite et la Russie (autour de 40 milliards), puis l'Inde et la Chine autour de 20 milliards. Suivent ensuite l'Egypte, le Venezuela et les Emirats Arabes Unis.
La Chine, l'Inde et la Russie ont néanmoins fait des "efforts significatifs" en la matière, a reconnu M. Birol, et l'Iran a récemment présenté un plan de réduction des subventions.
L'OCDE et l'AIE recommandent que ces sommes soient affectées à des priorités sociales, environnementales et budgétaires, incluant un soutien aux ménages pauvres qui sont les plus exposés aux augmentations des prix de l'énergie.
Renoncer à des subventions qui peuvent profiter aux consommateurs, "bien sûr c'est difficile", a reconnu la directrice de l'AIE Maria van der Hoeven. "Mais elles représentent aussi un fardeau budgétaire considérable", a-t-elle souligné.
rp
(AWP / 04.10.2011 12h31)