Le brut progresse, l'écart entre Brent et WTI à un niveau record
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la Mer du Nord pour livraison en juillet ressortait à 120,36 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, gagnant 1,26 par rapport à la clôture de lundi.
Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance progressait de 76 cents à 98,06 dollars, ne parvenant pas à effacer ses pertes de la veille, où il avait lâché près de deux dollars.
La différence entre le cours du Brent londonien et celui du WTI échangé sur la place new-yorkaise, les deux prix de référence pour les marchés pétroliers, continuait de s'accentuer, ayant brièvement atteint 22,79 dollars selon des analystes, un écart record.
"Le Brent reflète les risques géopolitiques et les échanges sur le marché mondial, tandis que le WTI va probablement rester largement isolé (des échanges internationaux), plombé par l'abondance des stocks américains" de brut, expliquait Christophe Barret, analyste de Crédit Agricole-CIB.
Alors que le marché pétrolier aux Etats-Unis est caractérisé par des réserves évoluant à des niveaux historiquement élevés face à un ralentissement de la consommation pétrolière, le Brent, qui reflète l'état des marchés européens et asiatiques, est porté par les incertitudes sur l'offre dans ces régions.
Le Brent était ainsi soutenu par les incidents techniques de la production au Nigeria, premier producteur africain de brut, tandis que la paralysie de la production libyenne "génère en Europe une pénurie de brut de très haute qualité", observaient les analystes de Commerzbank.
Les investisseurs continuaient par ailleurs de s'interroger sur l'attitude que va adopter l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial, après l'échec de la dernière réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) la semaine dernière.
L'Opep avait laissé ses quotas inchangés, faute de consensus parmi ses membres, et contre la volonté de l'Arabie saoudite, laquelle s'est dite prête en conséquence à augmenter unilatéralement sa production.
Sur le plan de la demande, "l'environnement économique reste fragile dans la zone euro, et il est probable que l'on assistera à un ralentissement encore plus marqué de l'économie en Chine et aux Etats-Unis, ce qui renforce les inquiétudes sur leur consommation de brut", tempérait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden.
La hausse des prix à la consommation, principale jauge de l'inflation en Chine, a ainsi atteint 5,5% en mai, atteignant son plus haut niveau en près de trois ans et poussant la banque centrale chinoise à annoncer dans la foulée un nouveau relèvement du taux des réserves obligatoires des banques.
"Les chiffres de l'inflation encouragent les autorités chinoises à initier de nouveaux resserrements monétaires", au risque d'affecter sensiblement la consommation énergétique du géant asiatique, confirmaient les analystes du cabinet JBC Energy.
Aux Etats-Unis, les chiffres des ventes de détail en mai n'étaient pas de nature à rasséréner les opérateurs. Les ventes ont reculé pour la première fois en dix mois sous le coup d'une forte baisse des ventes du secteur automobile, selon des chiffres du département du Commerce.