Le pétrole rebaisse, le marché continuant à déprimer
Le cours du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en septembre a cédé 49 cents à 44,66 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), terminant pour la première fois depuis mars sous le seuil des 45 dollars.
A Londres, le prix du baril de Brent, la référence européenne du brut, a perdu sept cents à 49,52 dollars pour le contrat de septembre sur l'Intercontinental Exchange (ICE).
Les cours, qui rechutent depuis le début juillet, se retrouvent ainsi à New York à peine plus d'un dollar au-dessus de leur plus bas niveau de clôture depuis six ans.
"La faiblesse du marché est manifestement en train de durer", a reconnu Phil Flynn, de Price Futures Group. "Le pétrole ne connaît aucun répit (...) et l'évolution des prix montre que le marché a peur que l'excès d'offre ne se dissipe pas."
"Tout espoir d'un retournement de situation concernant l'inébranlable surabondance d'offre a été écorché par l'annonce de l'Arabie saoudite qui cherche à renflouer ses finances en émettant 27 milliards de dollars de dette souveraine", a souligné Stephen Hester, analyste chez IG.
L'Arabie saoudite a considérablement augmenté sa production ces derniers mois, tout en réduisant ses prix de vente notamment vers l'Asie afin de conserver ses parts de marché et en gagner de nouvelles, ce qui pèse sur les finances du pays.
- L'emploi surveillé aux USA
De plus, les investisseurs s'inquiètent du risque d'afflux d'or noir iranien à la suite de l'accord nucléaire conclu à la mi-juillet avec les grandes puissances en échange d'une levée des sanctions économiques imposées à Téhéran.
"Cela faisait longtemps que l'on n'avait pas été aussi proches d'un effondrement du marché", a estimé James Williams, de WTRG Economics.
Sur l'Iran, "on dirait que les inquiétudes s'accentuent sur une levée des sanctions, car la campagne lancée en ce sens par le président américain Barack Obama devrait réduire les probabilités d'un veto au Congrès", a jugé Tim Evans, de Citi.
Exhortant le Congrès, dominé par ses adversaires politiques, à ne pas torpiller l'accord avec l'Iran, M. Obama a affirmé que l'option alternative à serait une nouvelle guerre au Moyen-Orient.
Le marché souffre aussi "d'un accès général de pessimisme sur la demande, face aux inquiétudes sur la Chine et aux craintes que la Réserve fédérale relève bientôt ses taux d'intérêt", actuellement presque nuls, a jugé M.Flynn.
Non seulement la Fed risquerait de peser sur la demande américaine en commençant ainsi à retirer cet important soutien à l'économie, mais cela aurait aussi pour effet de renforcer le dollar, qu'une telle mesure rendrait plus rémunérateur. Or la force du billet vert pèse sur le marché pétrolier, libellé en monnaie américaine.
Sur ce plan, le marché "se met en jambe pour les joies du rapport de vendredi sur l'emploi" aux Etats-Unis, que publiera le gouvernement américain, car il devrait beaucoup influer sur la décision de la Fed de relever ou non ses taux en septembre.
Quoi qu'il en soit, "les prix du pétrole sont allés très bas", a conclu M. Flynn. "On est déjà tombés à ce niveau deux fois dans l'année, et à chaque fois on s'est maintenu au dessus des 40 dollars le baril (à New York). On va essayer de déterminer où on va à partir de là."
(c) AFP