Le brut creuse ses pertes, inquiétudes sur une offre surabondante
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin, s'échangeait à 107,03 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 2,63 dollars par rapport à la clôture de vendredi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai lâchait 2,22 dollars à 121,23 dollars.
A l'instar des marchés boursiers, les cours du baril ont accéléré leur repli après la dégradation à "négative", par l'agence de notation Standard & Poor's, la perspective sur la note sur la dette des Etats-Unis.
Les prix continuaient par ailleurs de ployer sous les craintes d'une offre de pétrole trop abondante face à une modération de la demande.
"Il n'y a pas de véritable pénurie sur le marché du pétrole" et en l'absence d'une nouvelle aggravation de la situation dans le monde arabe, "les prix du pétrole ne devraient pas continuer leur progression", ont estimé les analystes de Commerzbank.
Le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) Abdallah El Badri a jugé lundi, lors d'une réunion énergétique au Koweït, que le marché était "suffisamment" approvisionné et qu'il n'y avait pas lieu d'augmenter la production.
De son côté, l'Arabie saoudite, chef de file de l'Opep, a reconnu dimanche avoir abaissé sa production de 800'000 barils par jour en mars par rapport à février, en soulignant que le marché était "approvisionné en abondance".
"L'Arabie saoudite justifie cette baisse en mettant en avant que la faiblesse de la demande (...) était plus importante que la chute de l'offre due au conflit libyen", commentait Olivier Jakob, du cabinet suisse Petromatrix.
La perspective d'une érosion de la consommation pétrolière mondiale en raison de prix du pétrole élevés et de leur impact sur la croissance économique, une perspective évoquée de nouveau ce week-end par l'Agence internationale de l'Energie (AIE), continue de hanter le marché.
Selon le rapport mensuel du cabinet d'études londonien CGES paru lundi, "comme l'Opep ne montre aucun signe de hausse de sa production, cela signifie qu'un rééquilibrage du marché ne pourra passer que par un recours aux stocks des pays consommateurs et par un affaiblissement de la demande".
Un nouveau relèvement des réserves obligatoires des banques en Chine, susceptible d'affecter la consommation énergétique du géant asiatique, contribuait par ailleurs à la baisse du marché pétrolier.
Par ailleurs, la situation au Nigeria, plus gros producteur africain de brut, "ne semble plus justifier une prime de risque" sur les cours du pétrole, après la victoire assurée du président sortant Goodluck Jonathan à l'élection présidentielle tenue dimanche, relevait M. Jakob.
"Il n'y a pas eu de menace spécifique pour les installations pétrolières ce week-end. Goodluck Jonathan est natif de la région pétrolière du Sud du pays, et s'il y a des manifestations hostiles face aux résultats, ce sera dans le Nord, région dépourvue de pétrole", notait M. Jakob.
De fait, des émeutes ont éclaté lundi dans plusieurs villes de la moitié nord du pays.
fah
(AWP/18 avril 2011 18h35)