L'offre de l'Opep reste insuffisante, la demande en danger (CGES)
"Les cours (du pétrole) sont montés à des niveaux si élevés qu'ils affectent la demande, mais on s'entend dire une fois de plus que le marché reste +bien approvisionné+ et que la marche vers le haut des cours +ne reflète pas la réalité de l'offre et la demande+", a observé le Centre for Global Energy Studies (CGES).
L'Arabie saoudite, chef de file de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a reconnu dimanche avoir abaissé sa production de 800'000 barils par jour en mars par rapport à février, en soulignant que le marché était "approvisionné en abondance".
Comme les mois précédents, les analystes du CGES, fondé par l'ancien ministre saoudien du Pétrole cheikh Zaki Yamani, jugent que l'Opep met en péril le marché en refusant d'augmenter son offre de façon significative.
"Même si la croissance de la demande se modère, les pays producteurs ont été lents à réagir au conflit libyen, qui a privé le marché de 1,5 million de barils par jour, dont une grande part n'a jamais été remplacée", et l'Arabie saoudite a même diminué sa production en mars, ont observé les analystes.
Selon le cabinet londonien, l'attitude des pays producteurs est à même d'exacerber les tensions du marché alors que "le brut léger en soufre (light sweet crude) faisait déjà défaut avant la crise en Libye".
Signe de l'insuffisance de l'offre depuis la mi-2010, les stocks mondiaux de brut ont reculé à un rythme de plus de 1,4 million de barils par jour au second semestre de l'an dernier, a rappelé le rapport.
Cas exceptionnel, les Etats-Unis sont le seul pays où les réserves restent abondantes, entraînant un niveau "anormalement plus bas" du WTI new-yorkais par rapport aux autres bruts échangés dans le monde.
"On ne peut pas s'attendre à une poursuite de la croissance de la demande si l'offre ne peut pas la satisfaire", ont conclu les analystes du CGES.
"L'Opep ne montrant aucun signe de hausse de sa production, cela signifie qu'un rééquilibrage du marché mondial ne pourra passer que par un recours aux stocks des pays consommateurs et par un affaiblissement de la demande amenée par le niveau élevé des prix", a expliqué le cabinet.
"C'est exactement la situation à laquelle nous avons été confrontés en 2008 (dans les prémices de la crise économique mondiale, ndlr)... et les conséquences pourraient aussi être terribles" pour l'économie mondiale, a-t-il souligné.
rp
(AWP/18 avril 2011 18h45)